l’accompagnent de la voix et il y a des notes qu’on néglige[1]. Lors du rite de la grande offrande, on met en honneur le breuvage sombre[2] ; sur les étals il y a du poisson cru ; le grand bouillon n’est pas assaisonné et il y a des saveurs qu’on néglige.
Ainsi, quand les anciens rois ont fait leurs ordonnances relatives aux rites et à la musique, ils n’ont pas cherché à satisfaire au plus haut point les désirs de la bouche et du ventre, des oreilles et des yeux, mais ils ont voulu enseigner au peuple à être juste dans ce qu’il aime et dans ce qu’il hait, et le faire revenir dans la droite voie humaine.
L’homme, à sa naissance, est en repos[3] ; telle est la nature qui lui vient du Ciel. Quand il est ému par les objets extérieurs, il entre en mouvement ; ainsi se produisent les désirs propres à sa nature. A mesure que les objets extérieurs se présentent, il en prend connaissance et c’est à la suite de cela que les affections et les haines se forment. Lorsque les affections et les haines ne trouvent pas une règle à l’intérieur (de l’homme) et lorsque celui-ci se laisse entraîner au dehors par ses
- ↑ C’est-à-dire que cette musique ne se propose pas de réaliser la perfection de l’harmonie, mais bien de susciter dans les cœurs des sentiments nobles et austères ; elle néglige donc certaines habiletés musicales et n’en a que plus de puissance et d’élévation. On ne peut nier qu’il n’y ait une grande part de vérité dans ces remarques ; les airs religieux ou certains airs nationaux ne sont sans doute pas ce qu’il y a de plus parfait en musique ; cependant ils exercent sur nos âmes une action plus profonde que les mélodies de l’art le plus raffiné.
- ↑ Cf. n. 23.115. .
- ↑ C’est la doctrine philosophique de la table rase ; l’esprit humain ne devient capable d’affections et d’idées qu’au contact de l’expérience extérieure.