la musique, ce sont les hommes ordinaires ; mais il n’y a que le sage[1] qui puisse connaître la musique.
Ainsi, on étudie les sons pour connaître les notes ; on étudie les notes pour connaître la musique ; on étudie la musique pour connaître le gouvernement[2], et c’est alors que la méthode pour bien diriger est acquise. Ainsi donc, à celui qui ne connaît pas les sons, on ne peut expliquer les notes ; à celui qui ne connaît pas les notes, on ne peut expliquer la musique ; mais celui qui connaît la musique est proche des rites[3]. Quand les rites et la musique ont été entièrement obtenus, c’est ce qu’on appelle posséder la vertu ; car vertu, c’est obtenir[4].
C’est pourquoi la musique la plus noble ne consiste pas en notes exquises ; le rite des offrandes de nourriture (aux souverains morts) ne consiste pas en saveurs exquises. Le luth dont on se sert en chantant, « le pur temple ancestral »[5], a des cordes rouges et a le fond percé[6] ; un homme chante tandis que trois autres
- ↑ Le mot [] a ici le sens que lui attribue le confucianisme ; c’est à la fois le sage et le prince, car, d’après cette morale qui est au fond une politique, le prince seul peut être le sage par excellence.
- ↑ On étudie la musique, non pas pour juger si le gouvernement d’autrui est bon ou mauvais, mais pour se connaître soi-même en l’art de gouverner ; le prince étudie la musique afin de se rendre capable de bien gouverner.
- ↑ Les rites succèdent à la musique ; lorsque la musique a établi l’harmonie entre le prince, les ministres, le peuple, les affaires et les êtres, alors les rites interviennent pour établir dans le monde un accord plus parfait encore. Celui qui connaît la musique est donc proche des rites, puisqu’il s’est mis dans les conditions nécessaires pour les pratiquer.
- ↑ Comme l’ont fait remarquer Callery et Legge, il n’y a là qu’un jeu de mots sur les caractères [] vertu et [] obtenir, qui ont la même prononciation en chinois.
- ↑ Cf. n. 23.184. .
- ↑ Cf. n. 23.186. .