que les désirs ne se sont pas appliqués aux choses d’une manière immodérée, et que les choses n’ont pas été épuisées par les désirs ; ces deux termes (à savoir, les désirs et leurs objets) se sont développés d’une manière parallèle. Telle est l’origine des rites. C’est pourquoi les rites sont ce qui satisfait.
Le riz, le sorgho et les cinq saveurs sont ce par quoi on satisfait la bouche ; l’orchis odoriférant[1] et l’iris parfumé sont ce par quoi on satisfait le nez ; les cloches et les tambours, les flûtes et les instruments à corde sont ce par quoi on satisfait l’oreille ; les ciselures et les métaux gravés, les ornements et les emblèmes sont ce par quoi on satisfait l’œil ; les habitations avec des fenêtres, les bois de lits, les tables à thé et les nattes sont ce par quoi on satisfait le corps. Ainsi, les rites sont ce qui satisfait.
Lorsque le sage eut obtenu sa satisfaction, il se plut à distinguer. On dit qu’il y a distinction quand le noble et le vil ont leurs rangs, quand le grand et le petit sont classés, quand le pauvre et le riche, le léger et le lourd sont estimés à leur valeur. Ainsi le Fils du Ciel avait dans le char d’apparat les nattes en jonc pour satisfaire son corps ; il portait à la main[2] les iris parfumés pour satisfaire son nez ; en avant, il y avait le joug orné pour satisfaire ses yeux ; le bruit des clochettes ho et loan[3] qui,
- ↑ Le mot [] n’est évidemment pas pris ici dans son sens ordinaire de « poivre ». Il a l’acception de « qui a une odeur agréable » ; cf. Che King, odes sacrificatoires des Tcheou, 3e décade, ode V ; Legge, Chinese Classics, vol. IV, p. 603.
- ↑ Suivant un autre commentaire, il faudrait traduire : « ceux qui étaient à côté (du Fils du Ciel) plaçaient les iris parfumés pour satisfaire son nez.
- ↑ Ces clochettes étaient placées, la première sur le joug, la seconde sur le mors, au dire de Fou K’ien. D’après le Han che nei tchoan, la clochette loan aurait été placée sur le joug, et la clochette ho sur la barre d’appui.