Quand (l’empereur) Hiao-wen eut pris le pouvoir, un fonctionnaire proposa de délibérer sur un projet de règlement des convenances et des rites. Hiao-wen aimait la doctrine de l’école du tao ; c’est pourquoi, considérant que les rites compliqués et les façons artificielles n’étaient d’aucune utilité pour le gouvernement, tandis qu’il n’y avait rien à redire à la réforme de la personne elle-même[1], il repoussa donc cette proposition.
Au temps (de l’empereur) Hiao-King, le yu-che-ta-fou Tch’ao Ts’o[2] se rendit célèbre parmi ses contemporains en s’occupant des châtiments et des dénominations[3] ; à mainte reprise il reprit ouvertement (l’empereur) HiaoKing et lui dit :
— Les seigneurs sont des barrières et des appuis ; telle est la règle unique qui convient à des sujets et à des fils ; telle est la loi de l’antiquité et des temps modernes. Maintenant cependant, les grands royaumes exercent un pouvoir absolu et un gouvernement distinct ; ils ne prennent pas leurs instructions à la capitale. Je crains qu’ils ne puissent pas transmettre (leur autorité) à leurs descendants.
(L’empereur)
- ↑ C’est-à-dire : il n’est d’aucun avantage de multiplier les rites et de chercher, comme le veut l’école des lettrés, à contraindre l’homme au bien par une foule de prescriptions extérieures à lui-même ; l’école taoïste est plus près de la vérité, quand elle dit que, si l’homme réforme sa propre personne, il se trouvera par là même prêt à faire son devoir dans toutes les circonstances de la vie. Le mysticisme taoïste, qui prétend que la moralité découle spontanément de la nature humaine transformée par l’action du tao, est ici opposé au formalisme confucianiste qui se propose d’imposer à l’individu des habitudes morales au moyen d’une éducation par les rites.
- ↑ Cf. Mém. hist., chap. CI.
- ↑ Les châtiments et les dénominations étaient les principes sur lesquels se fondaient deux importantes écoles morales de l’antiquité. Cf. tome I, Introduction, pp. XIV, XV, XVII, XVIII. — Sur Tch’ao Ts’o et sur la politique qu’il suivit pour affaiblir les grands fiefs, cf. Mém. hist., chap. CI.