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sages avant leurs parents[1] ; ils mettaient le peuple avant eux-mêmes ; c’était là la perfection de la raison achevée. Or, j’apprends que lorsque les fonctionnaires préposés aux sacrifices prient pour le bonheur[2], ils font converger toutes les félicités sur ma personne et n’agissent pas en faveur du peuple. J’en suis fort honteux. En effet, quand, malgré mon peu de vertu c’est moi-même qui jouis et c’est moi seul qui profite de ces bonheurs, tandis que le peuple n’y a aucune part, c’est là une aggravation de mon manque de vertu. J’ordonne donc aux fonctionnaires préposés aux sacrifices d’être fort attentifs à ne rien implorer (pour moi).

En ce temps, Tchang Ts’ang, marquis de Pei-p’ing, était grand conseiller ; il se trouvait être versé dans la connaissance des tubes musicaux et du calendrier[3]. Kong-suen Tch’en, originaire du pays de Lou, adressa à l’empereur une requête où il exposait ce qui concerne les cinq vertus dans leur évolution cyclique ; il disait qu’on était justement alors à l’époque de la vertu de la terre, que le gage de la vertu de la terre serait l’apparition d’un dragon jaune, qu’il fallait changer le premier jour initial (de l’année), la couleur des vêtements, les règles et les mesures. L’empereur déféra cette affaire à l’examen du grand conseiller ; le grand conseiller repoussa la proposition de Kong-suen Tch’en en

  1. « Ils mettaient à droite les sages et à gauche leurs propres parents. » On a vu (note 09.127. ) que la droite était la place d’honneur à l’époque de Se-ma Ts’ien.
  2. Le mot [] se prononce ici comme le mot [] et signifie « bonheur ».
  3. Sur tout ce paragraphe, cf. le Traité sur les sacrifices fong et chan (Mémoires historiques, chap. XXVIII).