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L’impératrice-douairière Pouo dit :

— Les vassaux ayant tous le même nom de famille, il faut nommer impératrice la mère de l’héritier présomptif[1].

Le nom de famille de l’impératrice était Teou. A l’occasion de la nomination de l’impératrice, l’empereur fit des dons dans tout l’empire aux hommes qui n’avaient pas de femmes et aux femmes qui n’avaient pas de maris, aux orphelins et aux abandonnés, à ceux qui étaient dans la misère et dans la détresse, et aussi aux vieillards de plus de quatre-vingts ans et aux orphelins de moins de neuf ans, et pour chacune de ces catégories il assigna en quantité déterminée des pièces de toile et de soie, du riz et de la viande.

Depuis que l’empereur était venu de Tai et qu’il avait pris le pouvoir, il avait répandu ses bienfaits sur l’empire ; il avait raffermi les vassaux ; les barbares des quatre points cardinaux étaient tous amicaux et satisfaits. Alors (l’empereur) traita avec bonté ceux de ses sujets qui avaient eu le mérite de venir avec lui de Tai ; l’empereur dit :

— Lorsque les principaux ministres eurent mis à mort les membres de la famille Lu et vinrent me chercher, j’étais défiant comme le renard[2] et tout le

  1. Le Che ki luen men donne de cette phrase une explication qu’on peut exposer de la manière suivante : Dans l’antiquité, le Fils du Ciel prenait ses femmes chez les seigneurs qui avaient un nom de famille autre que le sien ; il nommait impératrice celle qui était issue de la famille la plus honorable. Maintenant cependant tous les rois-vassaux ont le même nom de famille que l’empereur, car ils sont membres de la famille Lieou ; le Fils du Ciel ne peut plus épouser leurs filles ou leurs sœurs ; dès lors, les femmes qu’il prendra ne pourront se distinguer entre elles parla noblesse plus ou moins grande de leur extraction ; celle qu’on nommera impératrice sera simplement la mère de l’héritier présomptif ; c’est le fils qui ennoblira sa mère.
  2. Le renard, disent les Chinois, est très défiant ; lorsqu’il veut traverser une rivière gelée, il commence par prêter l’oreille ; s’il entend le bruit de l’eau courant sous la glace, il ne s’aventure pas sur la couche gelée qu’il comprend être de trop peu d’épaisseur pour le porter. Ce trait de sagacité a fait du renard le symbole de la prudence méfiante.