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KAO-TSOU

La septième année, au premier mois (4 février - 4 mars 181), l’impératrice-douairière manda Yeou[1], roi de Tchao. Yeou avait pris pour femme principale une fille de la famille Lu ; mais il ne l’aimait pas et aimait une autre concubine : la fille de la famille Lu en fut jalouse ; de dépit, elle s’en alla et calomnia le roi auprès de l’impératrice-douairière ; elle l’accusa faussement d’avoir commis le crime de dire :

— A quoi sert à la famille Lu d’avoir obtenu le titre de roi (pour quelques-uns de ses membres) ? Après la mort de l’impératrice-douairière, je ne manquerai pas de les combattre.

L’impératrice-douairière en fut irritée et c’est pourquoi elle manda le roi de Tchao. Lorsque le roi de Tchao fut arrivé, il fut logé dans son palais[2] et ne fut pas reçu en audience ; des gardes reçurent l’ordre de le garder étroitement et de ne pas lui donner à manger : si parmi ses sujets il se trouvait quelqu’un qui lui apportât de la nourriture, on l’arrêtait aussitôt et on le condamnait. Le roi de Tchao mourait de faim ; il fit alors ce chant :

Les Lu exercent le pouvoir : la famille Lieou est en danger. Usant de contrainte envers un roi et un vassal, on m’a donné de force une femme ; Ma femme, par jalousie, m’a faussement accusé d’un crime ; La calomnie d’une femme a troublé mon royaume ; l’empereur n’a point compris la vérité ;

  1. On a vu plus haut (p. 410) que l’impératrice Lu avait empoisonné Lieou Jou-i, roi de Tchao, qui était le fils de Kao-tsou et de la i Ts’i. Le titre de roi de Tchao avait alors été donné à Lieou Yeou, ex-roi de Hoai-yang, qui était un autre fils de Kao-tsou
  2. Cf. note 119.