Lo-yang[1]. Il dit :
— Seigneurs et généraux, ne vous permettez pas de me[2] rien cacher et exprimez tous votre sentiment. Comment se fait-il que je possède l’empire ? Comment se fait-il que Hiang (Yu) l’ait perdu ?
Kao K’i et Wang Ling lui répondirent :
— Votre Majesté manquait d’égard et traitait les gens avec mépris ; Hiang Yu était aimable et bienveillant. Mais lorsque Votre Majesté chargeait un homme d’attaquer une ville ou de conquérir un territoire, elle lui donnait tout ce qu’il soumettait ; elle faisait donc participer l’empire à ses bénéfices. Hiang Yu était jaloux des sages et portait envie aux hommes capables ; si quelqu’un accomplissait un exploit, il cherchait à lui nuire ; si quelqu’un était sage, il le tenait en suspicion. Lorsqu’il avait remporté une victoire au combat, il ne donnait de gloire à personne ; lorsqu’il avait acquis un territoire, il ne donnait d’avantage à personne. Voilà pourquoi il a perdu l’empire.
Kao-tsou répondit :
— Vous savez la première raison, mais vous ne savez pas la seconde. En effet, pour ce qui est de combiner des plans dans la tente et de décider la victoire à mille li de distance, je ne vaux pas Tse-fang[3] ; pour ce qui est de maintenir l’ordre dans l’État et de gouverner les cent familles, de fournir des vivres et d’empêcher les approvisionnements de s’interrompre, je ne vaux pas Siao Ho[4] ; pour ce qui est de
- ↑ Ce palais était à l’est de la sous-préfecture actuelle de Lo-yang, dans la ville préfecturale de Ho-nan.
- ↑ Les empereurs Han continuèrent à se servir du pronom [] que Ts’in Che-hoang-ti avait réservé pour l’usage du souverain ; cf. note 06.209. .
- ↑ Tse-fang est l’appellation de Tchang Leang, marquis de Lieou ; cf. Mémoires historiques, chap. LV.
- ↑ Cf. Mémoires historiques, chap. LIII.