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tous se réunirent à Kai-hia pour marcher contre le roi Hiang. Le roi Hiang avait établi son camp et élevé des retranchements à Kai-hia : ses soldats étaient mal nourris et épuisés. L’armée de Han et les troupes des seigneurs l’enfermèrent dans un cercle de plusieurs rangs d’épaisseur. De nuit, le roi Hiang entendit que de toutes parts, dans l’armée de Han, on chantait des chants de Tch’ou[1] ; il en fut fort effrayé et dit :

Han a-t-il gagné à lui toute la population de Tch’ou ? Comment a-t-il tant de gens de Tch’ou ?

Le roi Hiang se leva alors pendant la nuit pour boire dans sa tente ; il avait une belle femme, nommée Yu, qui toujours l’accompagnait, et un excellent cheval nommé Tchoei, que toujours il montait ; le roi Hiang chanta donc tristement ses généreux regrets ; il fit sur lui-même ces vers :

Ma force déracinait les montagnes ; mon énergie dominait le monde ; Les temps ne me sont plus favorables ; Tchoei ne court plus ; Si Tchoei ne court plus, que puis-je faire ? Yu ! Yu ! Qu’allez-vous devenir ? Il chanta plusieurs stances et sa belle femme chantait avec lui. Le roi Hiang versait d’abondantes larmes ; tous

  1. C’était à la suite de la défection de Tcheou Yn et des troupes du Kieou-kiang que l’armée de Han s’était trouvée renforcée d’un grand nombre de gens de Tch’ou. Le nom de Ko paraît avoir été affecté plus spécialement aux chants du royaume de Tch’ou ; on disait de même : les ngeou du pays de Ou, les yn du pays de Yue. Ces dénominations semblent désigner le caractère plaintif ou gai, ou passionné, etc. , qui appartenait en propre aux chants de chacun de ces pays.