retint donc le gouverneur de P’ei pour banqueter avec lui. Le roi Hiang et Hiang Po étaient assis tournés vers l’est ; Ya-fou[1] était assis tourné vers le sud ; Ya-fou n’est autre que Fan Tseng ; le gouverneur de P’ei était assis tourné vers le nord ; Tchang Leang se tenait debout, tourné vers l’ouest. Fan Tseng lança souvent des regards au roi Hiang et agita les ornements de jade qu’il portait sur lui en guise de signal ; par trois fois le roi Hiang garda le silence et ne répondit pas. Fan Tseng se leva, sortit et alla chercher Hiang Tchoang[2] ; il lui dit :
— Notre roi est un homme insupportable. Entrez en sa présence pour boire à sa santé ; quand vous aurez porté sa santé[3], demandez à faire une danse avec l’épée et profitez-en pour attaquer le gouverneur de P’ei pendant qu’il est assis et le tuer. Si vous ne le faites pas, vous et les vôtres ne tarderez pas à être tous faits prisonniers.
(Hiang) Tchoang entra donc et but à la santé (du roi), après quoi il dit :
— Tandis que Votre Majesté est à boire avec le gouverneur de P’ei, dans le camp on n’a rien pour s’amuser ; je demande à faire une danse avec l’épée.
Le roi Hiang ayant donné son assentiment, Hiang Tchoang tira son épée et se mit à danser ; mais Hiang Po tira aussi son épée et se mit à danser en couvrant sans cesse de son corps le gouverneur de P’ei, de telle façon que (Hiang) Tchoang ne pouvait l’attaquer.
Alors Tchang Leang se rendit à la porte du camp et y rencontra Fan K’oai. Fan K’oai lui dit :
— Comment les
- ↑ Ya-fou, c’est-à-dire « le second père », est un surnom honorifique qui avait été décerné à Fan Tseng.
- ↑ Hiang Tchoang était cousin germain de Hiang Yu.
- ↑ L’expression [] signifie, dit Yen Che-kou, le fait de présenter la coupe tsio à celui qu’on veut honorer et de lui souhaiter une longévité illimitée.