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Fan Tseng et était âgé de soixante-dix ans ; il vivait habituellement retiré chez lui et aimait les combinaisons extraordinaires. Il alla auprès de Hiang Leang pour lui donner des conseils en ces termes :
— Que Tch’en Cheng ait été battu, c’est ce qui devait certainement arriver. En effet, lorsque Ts’in détruisit les six royaumes, c’est celui de Tch’ou qui était le plus innocent ; depuis que le roi Hoai entra dans le pays de Ts’in et n’en revint point[1], les gens de Tch’ou en ont conservé un ressentiment qui dure jusqu’à aujourd’hui. C’est pourquoi Nan-kong[2], du pays de Tch’ou, a dit : Quand même Tch’ou ne compterait que trois familles[3], celui qui anéantira Ts’in, ce sera
- ↑ Cf. note 05.404. .
- ↑ Wen Yng et Fou K’ien disent que l’expression [] signifie : un vieillard des régions du sud. Il semble cependant que cette expression soit plutôt le surnom d’un devin du pays de Tch’ou. Dans le chapitre I wen tche du livre des Han antérieurs (chap. XXX, p. 16 v°), à l’article de l’école du yn et du yang, on voit mentionné l’ouvrage de Nan-kong en 31 chapitres ; une note ajoute que ce livre est de l’époque des six royaumes ; il est donc attribué à ce même Nan-kong dont il est parlé ici.
- ↑ Cette prédiction assez obscure a donné lieu à des interprétations diverses. La plus simple est celle de Sou-Lin : les gens de Tch’ou ont conçu contre ceux de Ts’in une telle haine que, même s’ils étaient réduits à n’être plus que trois familles, ils seraient encore capables de triompher de Ts’in. Wei Tchao dit que les trois familles de Tch’ou dont il est question sont les trois puissantes familles Tchao, K’iu et King ; mais cette explication ne rend pas compte de la valeur du mot [] = quoique, quand bien même. Se-ma Tcheng et Tchang Cheou tsie veulent tous deux que San-hou soit le nom d’une localité du pays de Tch’ou : en effet, on verra plus loin que Hiang Yu franchit la rivière Tchang au gué de San-hou et fit essuyer une grande défaite à l’armée de Ts’in. Quelque ingénieuse que soit cette explication, je ne vois pas comment on peut l’appliquer à la phrase que nous avons sous les yeux ; on peut sans doute traduire : A San-hou, celui qui anéantira Ts’in, ce sera certainement Tch’ou. Mais que deviennent alors les deux premiers mots [][] ? Je me rattache donc à l’opinion moins subtile et plus naturelle de Sou Lin.