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Les rebelles, commandés par Lu Kia, tuèrent le jeune roi, la régente et tous les envoyés chinois, puis ils marchèrent contre les deux mille hommes des troupes impériales et les battirent aisément. Ils mirent sur le trône le frère aîné du roi qu’ils avaient assassiné ; c’était un certain Kien-lé, fils d’une concubine de l’ancien roi Yng-ts’i. L’empereur se vit obligé, pour venger le meurtre de ses ambassadeurs, d’entreprendre une expédition considérable ; il n’envoya pas moins de six généraux qui, par des routes différentes, se réunirent devant Canton. L’un de ces chefs d’armée suivait la voie indiquée autrefois par Tang Mong et descendait le fleuve Tsang-ko. En l’an 111, au milieu d’un incendie allumé pendant la nuit aux deux points opposés de la ville, les Chinois pénétrèrent dans Canton ; le vieux Lu Kia et le roi Kien-té qui avaient tenté de s’enfuir en mer sur une jonque furent faits prisonniers ; tout le royaume dont ils avaient inutilement voulu sauver l’indépendance devint territoire de l’empire.

Cette victoire sur le plus puissant état du sud assura aux armes impériales une suprématie incontestée. À leur retour, les Chinois purent soumettre toutes les peuplades comprises sous le nom de barbares du sud-ouest ; ils tuèrent ceux qui résistèrent et firent reconnaître aux autres leur suzeraineté. Le roi de Yé-lang (préfecture de Tsoen-i, province de Koei-tcheou) et le roi de Tien (préfecture de Yun-nan, province de Yun-nan), rendirent hommage à la cour ; toutes ces vastes régions furent transformées en commanderies de l’empire et Se-ma Ts’ien, comme nous l’avons vu plus haut (p. XXXI), fut au nombre des fonctionnaires chargés de veiller à cette réorganisation administrative. « On espérait, dit expressément l’historien Pan Kou LXXXIV-1 former ainsi le commenment d’une chaîne continue de territoires qui s’étendrait jusqu’au Ta-hia. » Cependant les ambassades qu’envoya de nouveau l’empereur pour essayer de se mettre en communication, à travers l’Inde, avec les


LXXXIV-1. Ts’ien Han chou, chap, LXI, p. 4 r°.