Page:Sima qian chavannes memoires historiques v1.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

premier coup. Sans doute l’empereur Ou prêta l’oreille aux conseils de T’ang Mong et fit des ouvertures au prince de Yé-lang pour pouvoir pénétrer à travers le Koei-tcheou jusqu’au Si-kiang. Le prince de Yé-lang se montra d’abord bien disposé ; son pays fut considéré comme territoire de l’empire et on l’appela (130 av. J.-C.) commanderie de Kien-wei LXXXII-1 d’autre part, le fameux poète Se-ma Siang-jou se rendit dans le sud du Se-tch’oan pour y faire pénétrer la civilisation chinoise. Mais des révoltes locales ne tardèrent pas à éclater sur plusieurs points en 126, sur le rapport du haut fonctionnaire Kong-suen Hong, qui avait été chargé d’inspecter ces pays, l’empereur renonça à y maintenir son autorité afin de diriger toutes ses forces contre les Hiong-nou.

En l’an 122 LXXXII-2 cependant, l’attention du gouvernement se porta de nouveau du côté du sud ; à la suite des récits de Tchang K’ien, on avait deviné la route qui mène du Yun-nan en Inde en passant par la Birmanie et on avait résolu de la tenter. Plusieurs missions se dirigèrent donc de ce côté ; mais elles furent arrêtées et quelques-unes d’elles massacrées par les barbares Koen-ming qui doivent être les ancêtres des Kashyens actuels. Ce fut à cette occasion que les Han entrèrent pour la première fois en communication avec le royaume de Tien (Yun-nan-fou) ; leurs messagers y furent d’ailleurs fort mal reçus et le roi de Tien, Tch’ang-k’iang, à qui sans doute ils vantaient la majesté impériale, leur répondit en se proclamant l’égal du Fils du ciel. On dut attendre quelques années pour châtier cette insolence.

Ce fut le royaume de Nan Yue qui obligea la Chine à


LXXXII-1. Ainsi on donna d’abord le nom de commanderie de Kien-wei au territoire de Yé-lang, c’est-à-dire à la préfecture actuelle de Tsoen-i dans le Koei-tcheou. Mais, en l’an 109, le nom de Kien-wei fut attribué à la contrée qui correspond aujourd’hui à la préfecture de Siu tcheou 敘州 , dans le Se-tch’oan (cf. Li tai t'ong kien tsi Lan, 5e année Yuen koang).

LXXXII-2. Mémoires historiques, chap. CXVI, p. 2 r°. Le Ts’ien Han chou, chap. LXI, p. 2 V, donne la date 123 avant J.-C.