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complète que Li Koang-li se résolut à rebrousser chemin ; après deux ans d’absence, ce général revenait, ayant perdu les huit ou les neuf dixièmes de ses soldats. L’empereur, très irrité de cet insuccès, défendit sous peine de mort à Li Koang-li et aux débris de son armée de dépasser Toen-hoang ; cette bande de loqueteux exténués fut donc obligée de rester cantonnée dans un pays sauvage à l’extrémité occidentale de l’empire. Cependant, en l’an 103, les Hiong-nou avaient infligé aux Chinois une grande défaite et le général Tchao P’o-nou s’était rendu aux barbares. On s’émut à la cour de ces insuccès répétés ; plusieurs hauts dignitaires étaient d’avis d’abandonner entièrement les expéditions dans le Turkestan et de tourner toutes les forces de l’empire contre les Hiong-nou ; mais l’empereur songeant que, s’il laissait impuni le royaume de Ta-yuan, il devrait renoncer à toute relation avec les contrées occidentales, se résolut à faire encore une tentative : en l’an 102, il envoya soixante mille hommes de renfort à Li Koang-li; celui-ci parvint cette fois, malgré les extrêmes difficultés du voyage, à atteindre la capitale du royaume de Ta-yuan ; il n’avait plus que trente mille hommes lorsqu’il arriva sous les murs de Eul-che ; il fit le siège de cette ville pendant quarante jours ; Eul-che n’avait pas de puits à l’intérieur de ses murs ; on y amenait l’eau du dehors ; les Chinois coupèrent les canaux et prirent la ville par la soif. Une révolution éclata dans la cité ; le roi Mou-koal LXXVII-1 fut assassiné et les grands officiers de l’état proposèrent à Li Koang-li d’entrer en composition ; ce général accepta leurs ouvertures ; il reçut d’eux plusieurs dizaines de chevaux excellents et trois mille chevaux ordinaires, moyennant quoi il s’engagea à ne pas entrer dans la ville. Après avoir fait nommer roi de Ta-yuan un certain Mei-ts’ai, il se retira. A son retour, il chargea un de ses lieutenants d’attaquer la cité de Yeou-tch’eng dont


LXXVII-1. M. Terrien de Lacouperie veut voir dans ces deux mots la transcription du nom grec Mégas. C’est possible, mais ce n’est pas prouvé.