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il fit prisonnier le roi de Leou-lan et vainquit celui de Kou-che ; la route de l’ouest fut dès lors débarrassée de tout obstacle.

Les Chinois purent ainsi pénétrer jusqu’au royaume de Ta-yuan ; le Ferganah et le Zarafchan étaient des contrées très florissantes. Tchang-k’ien avait parlé avec éloge de la belle race de chevaux qu’on y élevait ; l’empereur envoya plusieurs fois chercher quelques-uns de ces coursiers renommés dont on disait que la sueur était de sang. Les gens de Ta-yuan finirent cependant par se lasser des demandes des Chinois et refusèrent catégoriquement à un émissaire impérial de lui rien donner. L’envoyé s’emporta et mit en pièces le petit cheval d’or qu’il avait été chargé de donner en présent au roi de Ta-yuan ; lorsqu’il fut parti pour rentrer dans son pays, on le fit assassiner par les habitants de Yeou-tch’eng, ville située dans l’est du Ta-yuan. L’empereur Ou, en apprenant le meurtre de son ambassadeur, entra dans une grande fureur ; il avait triomphé récemment du petit état de Leou-lan et crut qu’il viendrait aussi facilement à bout du Ta-yuan ; il ordonna donc à Li Koang-li d’aller châtier ce peuple insolent ; ce général était le frère aîné de la concubine impériale Li ; la mission dont on le chargeait était un honneur ; on lui décerna par avance le titre de maréchal de Eul-che LXXV-1, Eul-che étant


LXXV-1. M. Terrien de Lacouperie a proposé {Babylonian and Oriental Record, t. VII, p. 84, note 955) de lire Ni-che au lieu de Eul-che le nom de cette ville qui s’écrit 貳師 et il retrouve dans les chevaux de Ni-che les fameux coursiers niséens dont parlent plusieurs auteurs grecs, notamment Hérodote et Strabon. Quelque ingénieuse que soit cette explication, elle ne me paraît pas admissible. Si le mot 貳 se prononce ni dans quelques très rares occasions (le Dictionnaire de K’ang-hi n’indique pas cette prononciation), les commentateurs ont le soin de le faire remarquer et, dans le cas présent, ils restent muets ; mais à supposer même qu’on dût dire Ni-che au lieu de Eul-che, serait-on en droit d’identifier Ni-che avec la Nμσαια de Strabon ? C’est ici une question de méthode ; M. Terrien de Lacouperie croit que, lorsqu’il a signalé deux noms de sons similaires, il a démontré leur identité ;