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Jaune et d’exercer leurs déprédations parmi les populations voisines de la frontière. Mais, après la mort de Ts’in Che-hoang-ti, ils reprirent toute leur insolence et infligèrent plus d’une humiliation aux premiers empereurs de la dynastie Han.

L’empereur Ou engagea la lutte avec plus de vigueur que ses prédécesseurs ; il était sur le trône depuis cinq ans à peine quand il tenta d’attirer les Hiong-nou dans une embuscade à Ma-i (à l’est de la préfecture secondaire de Cho, province de Chân-si). Le chen-yu fut à deux doigts de sa perte ; mais il s’aperçut au dernier moment du piège où on l’attirait et put se retirer.

L’affaire de Ma-i laissa les Chinois et les Hiong-nou fort irrités les uns contre les autres ; aussi les voyons-nous aux prises presque incessamment dans les années 130, 127, 124 et 123. En 121, le général Houo Kiu-p’ing, à la tête de dix mille cavaliers, sortit de Chine par le territoire qui est aujourd’hui la préfecture de Kan-tcheou, dans le Kan-sou. Il dépassa les monts Yen-tche, au sud-ouest de Kan-tcheou et, à 500 kilomètres plus à l’ouest, il livra bataille pendant sept jours consécutifs aux Hiong-nou. Dans cette campagne, il eut à combattre le roi de Hieou-tch’ou, sujet Hiong-nou, qui occupait le territoire de la préfecture actuelle de Leang-tcheou, dans le Kan-sou. Il le vainquit et lui enleva la statue d’or à laquelle il offrait des sacrifices. L’importance de cet incident a été fort exagérée par les commentateurs chinois qui ont admis, à la suite de Yen Che-kou, que cette statue représentait le Bouddha ; le bouddhisme aurait donc pénétré dans le Kan-sou dès la fin du IIe siècle avant notre ère. Mais rien ne justifie une pareille hypothèse ; il n’y a pas un mot dans le texte de Se-ma Ts’ien qui indique ce qu’était la statue du roi de Hieou-tch’ou ; peut-être n’y faut-il voir que l’image d’un de ses ancêtres LXVII-1. Aucun passage des Mémoires historiques ne fait allusion au bouddhisme.


LXVII-1. Le fils du roi de Hieou-tch’ou, Kin Mi-ti, prisonnier à la cour