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Chaque matin leur chef suprême allait saluer le soleil levant ; chaque soir il se prosternait devant la lune. Il ne faisait d’expédition guerrière que lorsque la lune était dans son plein. Les Hiong-nou n’avaient point l’habitude d’élever des tumulus sur les sépultures ni de planter des arbres à l’entour : lorsqu’un personnage important mourait, on immolait sur sa tombe jusqu’à cent ou mille de ses femmes et de ses serviteurs. Boire du sang dans le crâne d’un ennemi était la cérémonie qui consacrait pour eux un traité LXV-1.

C’est dans la seconde moitié du IIIe siècle avant notre ère que les Hiong-nou se constituèrent pour la première fois en nation unie et forte. Leur organisation politique nous est exposée par Se-ma Ts’ien assez en détail (Mémoires historiques, chap. CX, p. 4) ; à leur tête était un chef appelé le chen-yu ; au-dessous de lui se trouvaient deux grands dignitaires, les rois t’ou-k’i, c’est-à-dire sages, de gauche et de droite. Le roi fou-k’i' de gauche résidait à l’orient et était l’héritier désigné du chen-yu ; le roi t’ou-k’i de droite commandait dans l’occident. A des rangs inférieurs étaient d’autres fonctionnaires : les rois kou-li de gauche et de droite ; les généralissimes de gauche et de droite ; les grands gouverneurs de gauche et de droite ; les grands tang-hou de gauche et de droite ; les seigneurs kou-tou de gauche et de droite ; puis venaient des chefs de mille hommes, de cent hommes et de dix hommes.

En étudiant cette administration, on voit que les Hiong-nou devaient être de race turke : la division des fonctionnaires en orientaux et occidentaux indiquée par les expressions de «gauche » et de « droite » répond exactement à ce que nous savons des Turks qui emploient les mots sol « gauche » et ong « droite » pour désigner l’est et l’ouest ; de même, les chefs de mille hommes sont les ming-baschy des Turks ; les chefs de cent hommes sont les jus-baschy et les chefs de dix hommes sont les


LXV-1. Ts’ien Han chou, chap. XCIV, 2* partie, p. 4 v°. Cf. d’Ohsson, Histoire des Mongols, t. I, p. 81.