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Tcheou afin de cacher votre entreprise[1].

Le roi de Leang dit :

— C’est fort bien parlé.

Aussitôt il chargea (ses soldats) de construire un mur pour Tcheou.] La quarante-cinquième année (270 av. J.-C.), [[2] le prince de Tcheou vint (dans le pays de) Ts’in. Un étranger dit à Tcheou Siu[3] :

— Ce que vous avez de mieux à faire, c’est de flatter la piété filiale du roi de Ts’in, et, pour cela, de donner en présent Yng[4] à la reine-douairière[5] comme son domaine propre, Le roi de Ts’in s’en réjouira certainement. Vous aurez ainsi des rapports[6] avec Ts’in.

  1. Se-ma Tcheng dit : Leang méditait en réalité de s’emparer des neuf trépieds des Tcheou, mais il feignait de n’envoyer des soldats que pour tenir garnison à Tcheou et pour avoir avec lui des rapports cordiaux. Ts’in fit avancer ses soldats dans l’intention d’attaquer Tcheou (on a vu que c’était une ruse suggérée par Ma Fan lui-même au roi de Ts’in, afin que ce dernier pût s’assurer des vrais sentiments du prince de Leang) ; Leang ne vint pas au secours de Tcheou ; ce fut la preuve qu’il ne prenait pas en main les intérêts de Tcheou, mais qu’il désirait seulement que Tcheou fût en péril afin de s’emparer des neuf trépieds. — C’est pourquoi les seigneurs se mirent à suspecter Leang ; (afin de dissiper ces soupçons) et de cacher son vrai projet, le roi de Leang n’eut rien de mieux à faire que d’ordonner à ses soldats de construire un rempart pour le compte de Tcheou.
  2. Tchan kouo ts’é : Si Tcheou, § 5.
  3. Le caractère se prononce ici siu, d’après Se-ma Tcheng. Tcheou Siu était un membre de la famille princière des Tcheou.
  4. Le Tchan kouo ts’é écrit Yuen au lieu de Yng ; mais c’est la leçon de Se-ma Ts’ien qui est la bonne. La ville de Yng était autrefois une principauté ; elle se trouvait non loin de la sous-préfecture actuelle de , préfecture de Nan-yang, province de Ho-nan.
  5. C’était la reine-douairière Siuen, mère du roi Tchao.
  6. Le mot [] = rapports, ne me paraît avoir ici aucun sens. Dans le Tchan kouo ts’é, il est absent et le discours devient aussitôt beaucoup plus clair ; voici le résumé de l’argumentation, si on se conforme au texte du Tchan kouo ts’é : en faisant ce présent à la reine-mère, vous obtiendrez Ts’in, c’est-à-dire vous jouirez de sa faveur. Or il est essentiel pour vous que vous gagniez cette faveur, car alors le prince de Tcheou vous sera reconnaissant des bons rapports que vous lui assurerez avec Ts’in ; si, au contraire, vous ne faites rien pour capter les bonnes grâces de Ts’in, les rapports entre Ts’in et Tcheou seront mauvais, et, comme Tcheou est le plus faible, il risquera d’être annexé par Ts’in : vous serez coupable d’avoir contribué à ce désastre. Faites donc ce présent à la reine-mère.