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à Leang[1], de construire un rempart pour Tcheou. Puis il dit au roi de Leang :

— Le roi de Tcheou est malade[2] ; s’il meurt, moi Fan, je mourrai certainement. Permettez-moi, je vous prie de remettre de ma propre autorité les neuf trépieds à Votre Majesté ; que Votre Majesté reçoive les neuf trépieds et avise à un plan en faveur de Fan.

Le roi de Leang dit :

— C’est fort bien parlé.

Aussitôt il lui donna des soldats en leur disant de tenir garnison à Tcheou. Alors (Ma Fan) dit à Ts’in :

Leang ne veut point tenir garnison à Tcheou[3] ; mais il se propose de l’attaquer ; que le roi essaie de faire sortir ses soldats à la frontière pour l’observer.

Ts’in fit en effet sortir ses soldats. (Ma Fan) revint alors dire au roi de Leang : « Le roi de Tcheou est fort malade ; moi, (Ma) Fan, je demande à vous envoyer les trépieds plus tard, dès que l’occasion le permettra. Maintenant que Votre Majesté a envoyé des soldats à Tcheou, les seigneurs vous soupçonnent tous ; lorsque, ensuite vous voudrez agir, ils ne vous croiront plus. Le mieux est d’ordonner à vos soldats de construire un rempart pour

  1. Cf. note 537.
  2. Il faut entendre cette phrase au figuré : Ts’in, ayant pris la ville de Hoa-yang, se trouve fort près de Tcheou et le menace ; Tcheou, comme nous dirions en langage vulgaire, est donc bien malade. Ma Fan dit au roi de Leang qu’il craint d’être enveloppé dans la ruine de la maison des Tcheou ; il feint d’être traître à son pays et propose au roi de lui donner les neuf trépieds, gages de la suzeraineté sur l’empire, à la condition que le roi avisera aux moyens de le sauver, lui, Ma Fan ; en réalité, comme on le verra plus loin, il ne cherche qu’à duper le roi de Leang.
  3. Dans l’idée du roi de Leang, ces soldats étaient destinés à prêter main-forte à Ma Fan qui, au moment où le prince de Tcheou serait dans une situation critique, s’emparerait des neuf trépieds et se réfugierait dans le pays de Leang.