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une épingle à leurs cheveux[1], elle se trouva enceinte[2]. Sans avoir eu de mari, elle enfanta ; saisie de crainte, elle abandonna son enfant[3]. Au temps du roi Siuen, une petite fille chanta, disant :

— Celui qui a un arc fait avec du bois de mûrier sauvage et un carquois fait de roseaux, celui-là certainement perdra le royaume des Tcheou.

Le roi Siuen vint à entendre ces paroles et, comme il y avait un homme et sa femme qui vendaient de tels objets, il envoya des gens pour les arrêter et les mettre à mort. Ils s’enfuirent et dans leur marche ils aperçurent gisant sur le chemin l’enfant qui avait été abandonné par la jeune femme du sérail. Ils l’entendirent crier pendant la nuit ; ils en eurent pitié et le recueillirent. L’homme et la femme continuèrent à s’éloigner et se réfugièrent dans le pays de Pao. Les gens du pays de Pao, ayant commis une faute, demandèrent à racheter leur faute en remettant au roi la fille qui avait été abandonnée par la jeune femme ;] c’est ainsi que la fille abandonnée vint du pays de Pao et c’est pourquoi on l’appela Pao-se[4]. C’était alors la troisième année du roi Yeou. Le roi se rendit dans le sérail, y vit (Pao-se) et l’aima. Elle enfanta un fils, Po-fou. En définitive la reine Chen et l’héritier présomptif furent dégradés ; Pao-se fut faite reine et

  1. C’est l’àge où les jeunes filles sont nubiles, c’est-à-dire à quinze ans suivant les rites.
  2. Le Kouo yu ajoute ici la phrase : « Au temps du roi Siuen, elle enfanta. »
  3. A partir des mots « Au temps du roi Siuen... » jusqu’à « ... l’enfant qui avait été abandonné par la jeune femme du sérail », ce paragraphe est placé par le Kouo yu avant tout ce qui précède. Se-ma Ts’ien a mis un ordre plus régulier entre les diverses parties du récit.
  4. Cf. note 396.