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gouvernement de l’État[1]. Ainsi fut composé l’« Ordre donné à Kiong ». Le calme se rétablit.

[[2] Le roi Mou voulut châtier les K’iuen Jong[3]. Meou-fou, duc de Tchai[4], le blâma, disant :

— Il ne faut pas agir

  1. Le sens exact de l’expression a donné lieu à de nombreuses discussions qui sont fort bien résumées par M. Legge, Chou king, p. 583-584 ; d’après M. Legge, la fonction désignée par cette expression serait celle de grand chambellan. Ici cependant le mot pou a un complément direct et est un verbe ; il faut donc le prendre dans le sens de « diriger, conduire ».
  2. Kouo yu : Tcheou yu, 1er discours.
  3. Cf. note 140. — Le discours qui va suivre a pour but de dissuader le roi de faire une expédition guerrière contre les K’iuen Jong ; il est le développement de deux arguments : en premier lieu, les anciens rois de la dynastie des Tcheou n’étaient pas des rois guerriers ; ils s’occupaient d’instruire et de nourrir le peuple ; si le roi Ou a combattu la dynastie des Yn, ce n’est pas par amour de la guerre, c’est par pitié pour les souffrances du peuple. En second lieu, les K’iuen Jong ne doivent pas être attaqués ; en effet ils sont rangés dans la catégorie des vassaux barbares : or, les règlements royaux veulent que lorsque les vassaux barbares manquent à leurs devoirs on leur adresse une proclamation, mais ils ne veulent pas qu’on les combatte ; d’ailleurs les K’iuen Jong n’ont pas manqué au devoir des vassaux barbares qui est de venir à la cour à chaque nouvel avènement. Le roi Mou a donc tort de projeter une attaque contre les K’iuen Jong. — Nous rappellerons ici que la plupart des discours de la section Tcheou yu, dans le Kouo-yu, ont été traduits par M. de Harlez, Journal asiatique, nov.-déc189. et janv.-fév. 189. .
  4. D’après le Dictionnaire de K’ang-hi, le mot [], qui se prononce d’habitude tsi, a ici le même son que le caractère tchai. Le pays de Tchai était compris dans le domaine impérial ; si on s’en rapporte au Kouo ti tche, il avait son centre à 15 li au nord-est du relais de poste de Koan-tch’eng, préfecture secondaire de Tcheng, province de Ho-nan. — Le duc de Tchai était un descendant du duc de Tcheou, car nous lisons dans le Tso tchoan (24e année du duc Hi ; trad. Legge, p. 192 ; [trad. Couvreur]) : les princes de Fan, Tsiang, Hing, Mao, Tsou et Tchai étaient des descendants du duc de Tcheou. — D’après Yng Chao, Meou-fou était l’appellation du duc de Tchai ; ce personnage est cité dans le Mou t’ien t’se tchoan (cf. trad. Eitel, China Review, t. XVII, p. 227, 2e col.) sous le nom de Tchai-fou, c’est-à-dire (Meou)-fou, (duc de) Tchai.