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par le métal ; le métal est détruit par le feu qui disparaît devant l’eau ; la terre enfin triomphe de l’eau et le cycle recommence. Au temps de l’empereur Ou, Se-ma Ts’ien, Ni K’oan et d’autres montrèrent qu’on devait être à leur époque sous la puissance ou la vertu de l’élément terre XXXVI-1 ; on adopta leur manière de voir pour régler les lois, les institutions, les cérémonies et les mesures en tenant compte de certaines concordances mystiques entre les éléments, les sons, les couleurs, les saveurs, les qualités morales et les points cardinaux ; on édifia ainsi un système cosmologique et social aussi vaste que fragile.

Après avoir travaillé au calendrier, Se-ma Ts’ien put continuer pendant sept années à rédiger sa grande compilation historique ; mais, en 99 avant notre ère, survint un événement qui devait avoir pour lui des conséquences déplorables.

De toute antiquité les Chinois avaient eu à combattre les tribus nomades et pillardes qui campaient sur leur frontière septentrionale ; au temps des Han, c’étaient les hordes Hiong-nou qui étaient leurs plus redoutables ennemis. En l’an 99, l’empereur Ou envoya un de ses meilleurs généraux, Li Koang-li, maréchal de Eul-che, les attaquer près des monts Tien-chan (monts Célestes), c’est-à-dire probablement dans les environs du lac


XXXVI-1. Ts’ien Han chou, chap. XX, Kiao-se tche, ad fin. : «Sous le règne de Hiao wen (179-157), on fit pour la première fois en été le sacrifice kiao ; cependant Tchang Ts’ang opina pour la vertu de l’eau. Kong-suen Tch’en et Kia I voulaient la changer contre la vertu de la terre ; mais en définitive ils ne purent démontrer leur dire. Au temps de Hiao-ou (140-87) il y eut une grande floraison des arts libéraux ; le calendrier t’ai tch’ou changea les règles ; alors Ni K’oan, Se-ma Ts’ien et d’autres reprirent la thèse de Kong-suen Tch’en et de Kia I. La couleur des vêtements, les nombres et les mesures devinrent conformes a la vertu du jauue : ces auteurs considéraient que la succession des cinq vertus suivait l’ordre de leurs défaites... Les Ts’in ayant eu la vertu de l’eau, ils disaient donc que les Han s’étaient appuyés sur la terre pour les vaincre. »