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Rassemblez vos multitudes ; réunissez vos barques et vos rames ; ceux qui arriveront en retard seront décapités !

Le roi Ou traversa la rivière ; au milieu du passage, un poisson blanc sauta hors de l’eau et vint tomber dans la barque du roi[1]. Le roi Ou se baissa et le ramassa pour l’offrir en sacrifice. Lorsqu’il eut passé la rivière, une flamme vint de haut en bas, contrairement à ce qui se passe d’habitude ; arrivée sur la demeure du roi, elle se transforma en un corbeau de couleur rouge dont la voix était douce[2].

En ce temps, huit cents seigneurs se réunirent au gué de Mong, quoiqu’on ne leur eût point donné rendez-vous. Ces seigneurs disaient tous :

— C’est le moment de punir Tcheou. Le roi Ou leur dit :

— Vous ne connaissez pas encore la volonté du Ciel ; le moment n’est pas encore arrivé.

Il ramena donc ses soldats et s’en retourna.

Deux ans plus tard[3] on apprit que Tcheou se livrait à

  1. Les commentateurs se sont ingéniés pour trouver des interprétations subtiles de ce prodige ; la seule qui paraisse avoir quelque valeur est celle-ci ; le blanc était la couleur mise en honneur par les Yn ; le poisson blanc qui saute dans la barque du roi et y reste sans défense est donc, le présage que les Yn tomberont au pouvoir des Tcheou.
  2. Le corbeau est l’emblème de la piété filiale et le rouge est la couleur mise en honneur par les Tcheou ; l’apparition du corbeau rouge était donc la gage que le roi Ou serait capable de mener à bien l’œuvre entreprise par son père, le roi Wen ; en outre, la voix de cet oiseau était douce, ce qui donnait à entendre que l’empire jouirait du calme sous le règne du futur souverain.
  3. Cette indication est en complet désaccord avec le Chou king traditionnel d’après lequel la revue passée au gré de Mong et la harangue faite par le roi Ou au moment d’attaquer Tcheou seraient des événements consécutifs qui auraient eu lieu dans le cours d’une seule et même année.