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ce voyage que Se-ma Ts’ien visita le Chouo-fang XXXIII-1 ; ce nom désignait, au temps des premiers Han, le territoire occupé maintenant par la bannière postérieure de l’aile droite des Mongols Ordos, tout au sommet de la grande boucle formée par le Hoang-ho, dans la partie septentrionale du Chàn-si. D’après ces textes, Se-ma Ts’ien a dû entreprendre une expédition assez longue dans le nord, mais nous manquons de données pour déterminer à quelle époque de sa vie il faut la rapporter.

Par les tournées qu’il fit dès l’âge de vingt ans et par la mission dont il fut chargé dans son âge mûr, Se-ma Ts’ien eut l’occasion de parcourir presque toute la Chine. Il a été un des grands voyageurs et, si on tient compte de la sauvagerie qui régnait alors dans» le Se-tch’oan méridional et le Yun-nan, on pourrait dire un des grands explorateurs de son temps. Il sut bien écouter et bien voir ; souvent il cite des traditions locales qu’il a entendu raconter ou parle de quelque vestige de l’antiquité qu’il a été visiter. D’autre part, il semblerait que ce savant si consciencieux eût dû profiter de sa longue et riche expérience pour retracer l’aspect des pays qu’il traversait et pour esquisser l’ethnographie des populations diverses au milieu desquelles il passait ; nous nous attendrions à trouver un écho de ces notes personnelles dans ses écrits ; mais notre espérance est déçue : Se-ma Ts’ien est un érudit et l’érudition, comme il arrive trop souvent, a tué chez lui l’observation originale ; il va bien chercher ses documents en tous lieux, mais il ne sait pas leur rendre la vie en décrivant le milieu où les faits se sont accomplis. La nature physique est entièrement absente de son oeuvre.

Comme Se-ma Tan l’avait désiré, son fils lui succéda dans la dignité de grand astrologue ; il entra en charge aussitôt après que la période réglementaire du deuil, qui durait nominalement trois ans et en fait vingt-sept mois, fut finie XXXIII-2.


XXXIII-1. Cf. p. XXVI, note 1, texte j, ad fin.

XXXIII-2. Mémoires historiques, chap. CXXX, p. 4 r° : « Trois ans après la