Ce n’est pas que les anciens rois ne nous aident pas, nous leurs descendants ; mais c’est que Votre Majesté est débauchée et cruelle[1], et que, par sa conduite, elle cause elle-même sa fin ; c’est pourquoi le Ciel nous a rejetés et nous ne pouvons plus jouir de la nourriture. Vous ne tenez pas compte de la nature que le Ciel vous a donnée ; vous ne suivez pas les lois directrices[2]. Maintenant, dans tout notre peuple, il n’est personne qui ne désire votre ruine et ne dise : « Pourquoi le Ciel ne « fait-il pas descendre sur lui sa colère ? pourquoi quelqu’un, investi du grand mandat, ne vient-il pas[3] ? » Maintenant, ô roi, que ferez-vous ?
Tcheou dit :
— La destinée de ma vie ne dépend-elle pas du Ciel ?
Tsou I se retira en disant :]
— Il est impossible d’adresser des réprimandes à Tcheou. Après la mort du Chef de l’ouest, le roi Ou, (prince de) Tcheou, dirigea une expédition armée du côté de l’est ; il parvint au gué de Mong[4] ; les seigneurs se révoltèrent contre les Yn ; il y en eut huit cents qui se réunirent au (roi Ou, prince de) Tcheou ; les seigneurs disaient tous :
— On peut punir Tcheou. Le roi Ou dit :
— Vous ne connaissez point encore le décret du Ciel.
Alors il revint.
Tcheou s’enfonça de plus en plus dans la débauche et
- ↑ Kiang Cheng dit que la leçon du Chou king est une erreur et que le mot donné par Se-ma Ts’ien est correct.
- ↑ En donnant à ces deux phrases le roi pour sujet, je suis l’interprétation de Kiang Cheng (H. T. K. K., ch. CCCXCIII, p. 43 v°).
- ↑ C’est-à-dire : Pourquoi quelqu’un ne reçoit-il pas du Ciel le mandat de fonder une nouvelle dynastie ?
- ↑ Cf. note 02.233.