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Ts’ien se dirigea franchement vers le nord et atteignit la province actuelle de Chan-tong ; peu, avant d’y arriver, il traversa les deux anciennes principautés de Fong et de P’ei qui sont à l’extrémité nord-ouest de la province actuelle de Kiang-sou ; peut-être les avait-il déjà visitées à son premier passage (texte e). Il navigua sur les rivières Wen et Se, devenues maintenant des affluents du Grand Canal ; il séjourna successivement dans les villes qui avaient été, au temps de la Chine féodale, les capitales des royaumes de Lou et de Ts’i. Ces deux pays voisins avaient été, depuis l’époque de Confucius, les foyers de la culture intellectuelle en Chine XXX-1 . C’était là, que malgré la persécution dirigée par Ts’in Che hoang ti contre les lettrés, s’étaient conservées les traditions de l’antiquité ; sous les règnes réparateurs des premiers empereurs Han, ce fut là encore qu’on travailla avec le plus d’ardeur à rechercher les livres disparus et à restaurer les rites oubliés. Se-ma Ts’ien visita avec émotion le temple consacré à Confucius dans sa ville natale (Mém. hist., chap. XLVII, p. 12 v°) ; dans l’ancien pays de Lou, près de la ville de Tseou, sur la montagne I, il prit part au grand tir à l’arc où concourait tout le village. Ce fut sans doute pendant son séjour dans l’ancien état de Ts’i qu’il monta sur la montagne Ki


XXX-1. Mémoires historiques, chap. CXXI, p. 1 : « Mais, dans les écoles de Ts’i et de Lou, ceux qui étudiaient furent les seuls à ne pas se relâcher (au temps des royaumes combattants)… (Pendant les troubles qui précédèrent l’avènement de la dynastie Han), tous les lettrés du pays de Lou continuèrent leurs explications et leurs récitations et s’exercèrent aux rites et à la musique. Les sons des instruments à cordes et des chants ne s’interrompirent point. Cela n’est-il pas un principe de réformation laissé par des sages, n’est-ce pas là un royaume qui chérissait les rites et la musique ? … Depuis l’antiquité jusqu’à nos jours, l’application à l’étude des lettres dans les pays de Ts’i et de Lou est une nature que leur a donnée le Ciel. C’est pourquoi quand les Han triomphèrent, les lettrés pour la première fois purent restaurer leurs livres et leurs arts. Ils expliquèrent et pratiquèrent les rites du grand tir à l’arc et du banquet de village. »