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[I Yn quitta T’ang pour aller à (la cour de) Hia. Le souverain Hia le remplit d’indignation et il revint à Po. Il entra par la porte du Nord et rencontra Jou Kieou et Jou Fang. Il fit le Jou Kieou et le Jou Fang[1].] T’ang étant sorti, vit dans la plaine un filet qu’on étendait des quatre côtés avec une invocation en ces termes : « Que des quatre lieux du monde tous entrent dans mon filet. » — T’ang dit :

— Oh ! on les prendrait jusqu’au dernier !

Alors il enleva trois faces du filet et mit une prière en ces termes :

— Si vous voulez aller à gauche, allez à gauche, si vous voulez aller à droite, allez à droite ; que ceux qui en ont assez de la vie entrent dans mon filet.

Les seigneurs apprirent ce trait et dirent :

— La vertu de T’ang est extrême ; elle s’étend jusqu’aux oiseaux et aux quadrupèdes[2].

En ce temps, Kié, de la dynastie Hia, était cruel ; son gouvernement était pervers et barbare ; d’autre part, parmi les seigneurs, Koen-ou était un fauteur de troubles. T’ang leva alors des soldats et se mit à la tête des seigneurs. I Yn suivait T’ang. T’ang prit lui-même en main la hache d’armes pour réduire Koen-ou[3] et ensuite pour réduire Kié.

  1. Le Jou Kieou et le Jou Fang sont deux chapitres perdus du Chou king.
  2. Pour comprendre cette anecdote, il faut se rappeler que les filets étaient employés à la chasse dans les battues ; il est évident que quand on étendait des filets de manière à cerner une plaine, tout le gibier de poil qui s’y trouvait était pris. Les anciens rois se contentaient de rabattre un filet sur une seule ligne de façon que beaucoup d’animaux pouvaient échapper, soit à droite, soit à gauche ; ceux qui se laissaient prendre dans le filet étaient considérés comme l’ayant fait volontairement et on avait alors le droit de les tuer. T’ang remit en vigueur cette ancienne coutume (T’ong kien kang mou, ch. III, p. 14 r°).
  3. Le nom de Koen-ou est mentionné par le Che pen (chap. Ti hi) qui rapporte la légende suivante : Lou Tchong, descendant de l’empereur Tchoan-hiu, épousa une sœur cadette du chef de la tribu Koei-fang (les ancêtres des Hiong-nou, cf. note 01.124). Cette femme fut enceinte trois années ; comme elle n’accouchait pas, on lui ouvrit le côté gauche et il en sortit trois fils ; puis on lui ouvrit le côté droit et il en sortit aussi trois fils. L’un de ces enfants était Koen-ou. — On trouvera plus de détails sur ce mythe dans la traduction et les notes du chapitre XL des Mémoires historiques (Tch’ou che kia, au début). — D’après la géographie Kouo ti tche, le pays de Koen-ou correspondait à la sous-préfecture de P’ou-yang ; il devait donc être au sud de l’actuel K’ai-tcheou, préfecture de Ta-ming, province de Tche-li.