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Quand l’empereur K’ong-kia eut pris le pouvoir, il aima s’occuper des choses qui concernent les esprits et les dieux ; il vécut dans la débauche et le désordre. La vertu de la dynastie Hia se pervertit ; les seigneurs l’abandonnèrent. — Le Ciel fit descendre deux dragons, une femelle et un mâle[1] ; K’ong-kia ne pouvait les nourrir, car il n’avait pas Celui qui entretient les dragons[2] ; or, après que (la famille de) T’ao-t’ang[3] fut tombée en déchéance, un de ses descendants, Lieou-lei, apprit à apprivoiser les dragons, auprès de Celui qui entretient les dragons ; c’est pourquoi il entra au service de K’ongkia ; K’ong-kia lui conféra le nom de famille de Celui qui dirige les dragons[4] ; (Lieou-lei) reçut la succession de Che-wei[5] ; le dragon femelle étant mort, il le fit manger

  1. On trouve, dans le Tchou chou ki nien, un écho de cette bizarre légende ; cf. Legge, Chinese Classics, t. III, Prolég., p. 124.
  2. Celui qui entretient les dragons était un fonctionnaire à la cour de l’empereur Choen. D’après le Tso tchoan, Chou-ngan, prince de Liou, eut un descendant qui s’appelait Tong-fou ; celui-ci savait apprivoiser et nourrir les dragons ; c’est à ce titre qu’il fut au service de Choen ; Choen lui conféra le nom de famille Tong et le surnom de « Celui qui entretient les dragons » (T’ong kien tsi lan, chap. II, p. 10 r°).
  3. T’ao-t’ang n’est autre que l’empereur Yao (cf. note 01.166). Les descendants de Yao ne furent point empereurs et tombèrent donc en déchéance ; c’est pourquoi l’un d’eux, Lieou-lei, apprit l’art d’élever les dragons.
  4. «  Celui qui dirige les dragons » ne saurait être à proprement parler un sing, comme le dit ici Se-ma Ts’ien ; c’est un titre devenu un nom de famille.
  5. Les princes de Che-wei (sous-préfecture de Hoa, préfecture de Wei-hoei, province de Ho-nan) passaient pour des descendants de Tchou-yong (cf. note 00.133). D’après Kia K’oei, ce ne serait que sous la dynastie Yn, au temps de l’empereur Ou-ting, que le prince de Che-wei fut supprimé et que son apanage fut donné au descendant de Lieou-lei.