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Avec Tsi[1], je donnai à la multitude la nourriture qu’elle avait de la peine à se procurer[2] ; ceux qui avaient peu de nourriture échangèrent les objets qu’ils avaient en trop contre ce qui leur manquait. J’ai déplacé les résidences de tout le peuple et les ai fixées ; les dix mille États ont été bien gouvernés.

Kao-yao dit :

— Oui, cela certes est beau.

Yu dit :

— Ah ! ô empereur, portez toute votre attention sur la place que vous occupez ; vous obtiendrez le calme en étant parvenu au but ; vos aides seront vertueux ; l’empire répondra universellement à votre pensée pure ; par là, il sera mis en lumière que vous avez reçu le mandat de l’Empereur d’en haut ; le Ciel renouvellera son mandat en usant de faveur envers vous[3].

L’empereur dit :

— Ah ! mes ministres ! mes ministres ! mes ministres, soyez mes jambes et mes bras, mes oreilles
  1. Cf. note 01.296.
  2. Le sens de cette phrase est simple et clair dans le texte de Se-ma Ts’ien ; la leçon du Chou king [] est plus obscure ; les uns (H. T. K. K., ch. CCCXCI, p. 13 v°) … expliquent l’expression comme signifiant : la nourriture qui a des tiges, c’est-à-dire les céréales ; — d’autres opposent la nourriture qu’on ne se procure qu’avec effort, c’est-à-dire les produits de la culture, à la nourriture fraîche dont il a été question plus haut, c’est-à-dire aux produits de la chasse et de la pêche.
  3. Tout ce passage est d’une intelligence assez difficile ; le texte présente de notables différences avec celui du Chou king. Le sens général est le suivant : les fonctions d’empereur ont la plus grande importance ; si celui qui les remplit est attentif à ses devoirs, il aura le calme pour lui-même parce qu’il aura atteint le but de sa destinée ; par une conséquence naturelle, ses ministres seront vertueux et tout l’empire sera d’accord avec ses désirs, témoignant ainsi, en vertu de l’axiome : Vox Populi vox Dei, qu’il règne par droit divin ; le Ciel prouvera d’ailleurs de nouveau qu’il l’a investi de ce droit en le comblant de bienfaits. — Dans la dernière phrase, le mot [] est le signe du futur (cf. Stan. Julien, Syntaxe chinoise, t. I, p. 173).