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barbares Man[1] ; dans les deux autres centaines de li sont les peuples errants[2].

A l’est, (Yu) s’avança jusqu’à la mer ; à l’ouest, il alla jusqu’aux sables mouvants ; au nord et au sud, dans les lieux qu’éclaire le soleil, sa renommée fut un enseignement[3] ; il pénétra[4] jusqu’aux quatre mers.

Alors l’empereur conféra à Yu un insigne en jade noir afin d’informer le monde que son œuvre était bien accomplie[5].] A la suite de cela, le monde fut gouverné en grande paix.

  1. Les Man sont, dans ce texte, des peuples barbares plus éloignés que les I : on a vu que, dans d’autres textes, les Man sont les barbares du sud et les I ceux de l’est (cf. p. 68),
  2. Ce sens de est celui qui est indiqué par Ma Yong. M. Legge l’entend comme désignant des criminels condamnés à un exil plus lointain encore que les bannis dont il a été question dans le domaine de la paix.
  3. Nous suivons pour le sens et la ponctuation de cette phrase les indications du commentaire de Tcheng Hiuen (H. T. K. K., ch. CCCXCII, p. 47 v°). La traduction serait alors : « Au nord et au sud il parvint ; sa renommée et ses enseignements pénétrèrent jusqu’aux quatre mers. Mais la phrase « Au nord et au sud il parvint » est bien peu satisfaisante, car on est en droit de se demander jusqu’où il parvint, puisqu’à l’est et à l’ouest le texte dit très nettement jusqu’où il alla.
  4. Le mot i = fin, est ici l’équivalent du caractère ki = aller droit.
  5. Cette phrase commence par les mots et la phrase précédente finit par les deux mêmes mots. Certaines éditions de Se-ma Ts’ien ne laissent subsister qu’une seule fois cette expression. Le commentateur de l’époque de Kien-long, Tchang Tchao pense (Che ki, ch. II, annot. crit., p. 2 r°) que la première phrase devait se terminer par le mot [] et la phrase suivante commencer par [] : si l’on admet cette correction de texte, l’empereur confère à Yu un insigne en jade noir afin d’annoncer au Ciel (et non pas au monde) que son œuvre était bien accomplie. Ce sens est en effet plus satisfaisant. — Dans le texte du Chou king, c’est Yu qui présente à l’empereur l’insigne de jade noir pour lui annoncer qu’il a terminé ses travaux ; la leçon des Mémoires historiques est préférable, car les insignes sont conférés par l’empereur à ses sujets et l’inverse ne saurait avoir lieu. — Cette phrase termine le Yu kong.