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Koen-loen qui ont des tissus faits de peaux, — les Si-tche, les K’iu-seou — et les Jong de l’ouest furent soumis à la règle.

Il (Yu) parcourut les neuf montagnes[1] :

(La première chaîne comprend) le K’ien, puis le K’i ;

  1. Ici commence la seconde partie du tribut ; elle se compose d’abord d’une description des montagnes et des cours d’eaux. M. von Richthofen (China ; t. I, p. 303, n. 11 veut qu’on traduise la phrase de Se-ma Ts’ien : tao kieou chan comme signifiant : « disposition des neuf chaînes de montagnes. » Mais pour qu’une telle traduction fût possible, il faudrait qu’on eût en chinois kieou chan lao ; la règle de position nous oblige à faire du mot tao un verbe actif dont le complément direct est kieou chan et dont le sujet ne peut être Yu. La phrase tao kieou chan est analogue à la phrase ton kieou chan que nous avons rencontrée plus haut (p. 101 ; pour niveler (ton) les neuf montagnes, Yu les parcourt (tao). — Cette réserve faite, nous adoptons pour ce qui suit l’interprétation de M. von Richthofen ; ce savant a montré avec une rare ingéniosité que les neuf montagnes et les neuf fleuves ne sont pas des termes vagues, mais que le Yu kong décrit exactement neuf chaînes de montagnes et neuf cours d’eau et que, dans tout ce traité de géographie physique, l’intervention de Yu n’est point supposée. — On voit quelle est la position que nous prenons entre MM. Legge et von Richthofen ; M. Legge mentionne Yu partout ; M. von Richthofen ne le voit nulle part ; nous les concilions en distinguant dans le Yu kong une partie légendaire qui se rapporte à Yu et une partie scientifique qui en est indépendante : à côté de phrases où le sujet est Yu, nous en découvrons d’autres qui sont de simples énoncés scientifiques. Si notre traduction a quelque incohérence, n’est-elle pas par là-même une image plus fidèle du texte ? plutôt que de chercher à satisfaire la logique par une interprétation unilatérale ne vaut-il pas mieux suivre pas à pas la composition de ces vieux écrits anonymes qui ne furent assurément l’œuvre ni d’un seul homme, ni d’une seule époque, mais qui sont souvent une étrange synthèse de fragments disparates ?