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de bourre de soie. (Cette province) apporte en tribut, lorsqu’elle en est requise, des pierres qui servent à polir les pierres sonores. — En naviguant sur le Lo, on arrive dans le Ho.

Le sud (de la montagne) Hoa[1] et la rivière Hei [2]

  1. Le sud de la montagne Hoa (qui est appelée plus loin T’ai-hoa) était la limite de la province à l’est. Cette montagne se trouve à peu de distance au sud de la sous-préfecture de Hoa-yn, préfecture de T’ong-tcheou, province de Chàn-si ; elle est au sud de la rivière Wei, à 60 li environ au sud-ouest du grand coude que fait le Hoang-ho.
  2. ► La rivière Hei est donnée ici comme la limite occidentale de la province de Leang ; au paragraphe suivant, une rivière du même nom est indiquée comme bornant à l'ouest la province de Yong. Enfin, quelques pages plus loin, dans la description générale des cours d'eau, nous lisons que la rivière Wei ou rivière Noire passe à San-wei et va se jeter dans la mer du Sud. Si nous faisons abstraction pour un moment de la foule de renseignements contradictoires que prétendent nous donner les érudits chinois, nous tirerons de ces textes les conclusions suivantes : la rivière Hei dont il est parlé dans le Yu kong est unique ; elle limite successivement à l'ouest les provinces de Leang (Kan-sou) et de Yong (Se-tch'oan) par son cours dirigé du nord au sud qui se déroule depuis la montagne San-wei (auprès de Toen-hoang au sud-ouest de Ngan-si-tcheou, Kan-sou) jusqu'à la mer du Sud. — Maintenant, qu'un pareil cours d'eau n'existe pas en réalité, c'est ce qui est manifeste. Mais on comprend comment les Chinois ont pu se faire cette idée erronée ; auprès de la montagne San-wei coule le Tang-ho dont la direction est celle du sud au nord, c'est-à-dire qu'elle est perpendiculaire à celle des fleuves de Chine (le Tang-ho est un affluent de gauche de la rivière Pou-loun-ki (Bouloungir) qui se jette dans le lac Kara-nor). D'autre part, à l'ouest du Se-tch'oan coule du nord au sud le Kin-cha-Kiang dont les Européens font le cours supérieur du Yang-tse-Kiang). Or, le Tang-ho et le Kin-cha-Kiang se trouvent tous deux dans des régions que les Chinois ne connaissaient point à l'époque du Yu kong ; ils ne possédaient à leur sujet que les quelques vagues données qu'ils avaient pu acquérir dans leurs expéditions contre les peuples barbares de ces contrées ; ils avaient ainsi appris que, soit au nord, soit au sud, on rencontrait du côté de l'ouest des cours d'eau dont la direction était perpendiculaire à celle des fleuves de Chine ; ils imaginèrent donc une rivière unique appelée le Hei-choei ou rivière Noire qui formait à l'ouest la limite du monde connu depuis la montagne San-wei au nord jusqu'à la mer au sud. C'est bien ainsi que les anciens commentateurs se représentaient la rivière Hei, comme on peut le voir sur la carte reproduite dans le Chou king de Yong-tcheng ; ce sont les commentateurs modernes qui, faisant intervenir dans l'interprétation du Yu kong des données géographiques inconnues autrefois, ont distingué deux rivières Hei, l'une à l'ouest de la province de Yong, l'autre à l'ouest de la province de Leang. — M. von Richthofen voit dans la mention de la rivière Hei et de la rivière Jo dont il va être parlé au paragraphe suivant, la preuve que les Chinois avaient dû primitivement habiter dans l'ouest et que, lorsqu'ils s'étaient graduellement avancés vers l'est, ils avaient gardé le souvenir de leur ancienne résidence (China, t. I, p. 317) ; à nos yeux, au contraire, la fausse idée qu'ils se faisaient de la rivière Hei montre que les régions de l'ouest leur étaient presque entièrement inconnues et qu'ils n'en parlaient que par ouï-dire.