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à peine (122 av. J.-C), un animal étrange dans lequel l’imagination populaire reconnaissait la bête fantastique, appelée lin, qu’on avait déjà vue au temps de Confucius ; tout donnait donc à croire que le moment était venu où devait se produire un nouvel homme de génie dont les écrits à leur tour resteraient indestructibles. Se-ma T’an semble n’avoir pas craint de se croire désigné pour s’acquitter de cette haute mission ; mais, par modestie, il n’attribuait son initiative hardie qu’au désir qu’il avait de pratiquer la piété filiale ; l’histoire n’était au fond qu’une façon pour les vivants de témoigner de leur respect pour leurs ancêtres ; c’en était la plus noble manière : « Rendre fameux son nom pour la postérité en illustrant son père et sa mère, voilà, dit-il, ce qu’il y a de plus grand dans la piété. » Cependant Se-ma T’an mourait trop tôt pour atteindre au but de ses efforts ; à son fils de terminer son oeuvre. Se-ma Ts’ien acquiesça à ce désir et répondit en versant des larmes : « Quoique votre jeune fils ne soit pas intelligent, il vous demande la permission d’examiner en détail les anciennes traditions que son père a réunies et il ne se permettra pas de rien omettre. »



SECONDE PARTIE
VIE DE SE-MA TS’IEN


Quel âge avait Se-ma Ts’ien au moment où il eut le malheur de perdre son père ? Il est difficile de répondre d’une manière précise à cette question, car la date de sa naissance ne nous est pas connue. M. Mayers XXIII-1 le fait naître vers 163 avant notre ère, mais il ne cite pas l’autorité sur laquelle il appuie cette affirmation : si elle était exacte, Se-ma Ts’ien aurait eu environ cinquante-trois


XXIII-1. Chinese Reader’s Manual, n° 660.