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Yo-yang[1]. — A T’an-hoai, il eut le plus grand

  1. Le nom de T’ai yuen se retrouve encore aujourd’hui dans celui de la préfecture de T’ai-yuen, capitale provinciale du Chān-si. — Yo-yang signifie proprement « au sud de la montagne » ; la montagne dont il s’agit ici est le Houo-t’ai-chan, dans la préfecture secondaire de Houo, préfecture de P’ing-yang, province de Chān-si. Les commentateurs chinois, auxquels nous nous rattachons, expliquent cette phrase en disant que Yu répara les digues élevées par son père Koen à T’ai-yuen et que les travaux auxquels il se livra depuis T’ai-yuen jusqu’à Yo-yang avaient pour but de régler le cours de la rivière Fen. M. von Richthofen (China, I, 351) dit que le cours de la rivière Fen n’a jamais eu besoin d’être corrigé ni endigué et que les travaux de Yu ne peuvent se rapporter qu’à une réorganisation administrative. Pour notre part, il nous semble que, d’un bout à l’autre du Yu kong, on distingue les débris d’une légende qui présente Yu sous les traits d’un ingénieur hydrographe ; la partie administrative est, au contraire, celle qui ne se rattache point au nom de Yu ; au lieu d’interpréter le Yu kong au moyen d’un seul système d’explication, comme le fait M. von Richthofen, nous y reconnaissons deux éléments hétérogènes qui demandent à être analysés suivant des principes différents : la partie rythmique qui traite des travaux de Yu est une légende et doit être acceptée comme telle, c’est à-dire que, quelque fantastiques que puissent paraître ces travaux, il ne faut pas chercher à les dissimuler en donnant aux mots du texte des sens qu’ils n’ont point ; mais d’autre part, à côté de cet élément légendaire se trouve une géographie statistique de l’empire dont il importe de bien mettre en lumière le caractère précis et positif. Nous n’expliquons pas toute la première partie du Yu kong par les travaux de Yu, comme le fait M. Legge à la suite des commentateurs chinois ; nous ne l’expliquons pas non plus tout entière par un plan administratif comme le tente M. von Richthofen ; mais nous désagrégeons ce texte en deux parties d’origine et de nature diverses et nous appliquons à chacune d’elles un mode d’interprétation spécial.