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en trop ; ] ainsi l’égalité fut établie parmi les seigneurs.

Alors Yu fit une tournée pour examiner ce qu’il était convenable que la terre produisît, afin d’en déterminer le tribut ; il examina aussi quels étaient les avantages qu’offraient les montagnes et les cours d’eau. La tournée de Yu commença à la province de Ki[1].

  1. Dans les paragraphes qui suivent, Se-ma Ts’ien reproduit le fameux chapitre du Chou king intitulé le Tribut de Yu. A le prendre tel qu’il est, ce chapitre se compose de deux parties distinctes : la première est une description des neuf provinces de l’empire, description qui suit généralement un ordre uniforme : limites de la province ; travaux publics qui y furent exécutés ; qualité de la terre ; nature du tribut ; routes par lesquelles il est apporté à la capitale ; la seconde partie traite des neuf grandes chaînes de montagne et des neuf grands cours d’eau de l’empire ; puis elle expose les travaux hydrographiques de Yu ; enfin elle trace un schème de l’empire mathématiquement organisé. — Ed. Biot (Sur le chapitre Yu kong du Chou king et sur la géographie de la Chine ancienne, Journ. asiatique, août-sept. 1842, p. 152-224) a fait une bonne étude critique du Tribut de Yu ; il a montré que « le texte ne présente le nom de Yu que deux fois, dans la phrase du commencement et dans celle de la fin ; et que, par conséquent, « si l’on retranchait du texte simplement deux phrases, on pourrait ne voir dans le Yu kong que l’histoire des progrès d’une grande colonie qui s’étend peu à peu en desséchant un sol marécageux et chassant devant elle les premiers habitants de ce sol ; les travaux dont il est question dans ce texte sont d’ailleurs bien trop considérables pour avoir été exécutés par un seul homme ; la tradition a donc « fait honneur au seul Yu des travaux continus de plusieurs générations. — M. von Richthofen (China, t. I, ch. VIII) s’est livré à de savantes recherches sur ce même sujet ; d’après lui, le texte même du Yu kong n’implique point les gigantesques travaux d’hydrographie que les commentateurs y ont introduits en donnant aux mots des sens qu’ils ne comporteraient pas ; il a constaté l’exactitude des notions géographiques de ce fragment de l’antiquité ; enfin il a prétendu, mais c’est le point le plus sujet à caution de sa remarquable dissertation, retrouver, grâce au Yu kong, des indications sur la marche qu’auraient suivie les envahisseurs chinois qui seraient venus de l’ouest. — La traduction que M. Legge a donnée du Tribut de Yu est une des parties les plus richement annotées de l’admirable monument qu’il a élevé à la gloire des lettres chinoises. — Enfin M. Kingsmill a fait voir (China Review, t. IV, p. 13 et suiv. ; t. XIV, p. 17 et suiv.) que le Tribut de Yu contient une partie en prose rythmée composée de phrases de quatre caractères et que cette partie se détache du contexte comme un document d’un âge différent. — Pour notre part, tout en profitant des excellents travaux de nos devanciers, nous ne voyons pas trace dans le Tribut de Yu de la prétendue migration des Chinois de l’ouest vers l’est ; il faut solliciter doucement et même violemment les textes pour y trouver des preuves à l’appui de cette hypothèse gratuite qui est devenue un dogme chez bon nombre de sinologues. La première partie du Tribut de Yu se compose de deux éléments superposés, l’un étant une sèche géographie administrative, l’autre la légende des travaux de Yu ; la seconde partie est une géographie physique suivie d’une autre légende de Yu et accompagnée d’une description idéale de l’empire qui doit provenir de quelque vieille utopie consacrée par les livres de rites. Ce sont ces éléments divers du Yu kong dont nous chercherons à marquer la distinction dans notre traduction et dans nos notes. Dans la première partie du Yu kong, nous distinguerons pour le lecteur ce que nous appelons l’élément légendaire en plaçant un tiret après chaque phrase de quatre caractères ; ce n’est pas que le rythme des phrases de quatre caractères ne se retrouve souvent aussi dans la description administrative de l’empire, mais il y est mêlé à des phrases de longueur inégale. Au contraire, la légende est nettement caractérisée ; 1° en ce qu’elle est toujours en phrases de quatre caractères ; 2° en ce qu’elle emploie la particule ki qui implique l’idée d’une action passée et non d’un état de choses constant. § en ce qu’elle est toujours en phrases de quatre caractères ; § en ce qu’elle emploie la particule ki qui implique l’idée d’une action passée et non d’un état de choses constant.