Page:Sima qian chavannes memoires historiques v1.djvu/366

Cette page n’a pas encore été corrigée

années[1] ; quand il passait devant la porte de sa demeure il n’osait pas y entrer. Il restreignait ses vêtements et sa nourriture, mais il montrait une extrême piété pour les génies et les dieux ; il n’avait qu’une humble demeure, mais il faisait les plus grandes dépenses pour des fossés et des canaux. Pour aller sur la terre ferme, il se servait d’un char ; pour aller sur l’eau, il se servait d’un bateau ; pour aller sur la boue, il se servait d’une sorte de van ; pour aller sur les montagnes, il se servait de crampons[2]. A gauche il y avait des limites régulières ; à droite[3] il y avait des règles certaines. Il tint compte des quatre saisons. Pour ouvrir les neuf provinces, il rendit les neuf chemins praticables, il endigua les neuf marais, il nivela les neuf montagnes.] [Il commanda à I de donner au peuple du riz] pour qu’il pût le planter dans des lieux bas et humides ; [il chargea le prince Tsi de donner au peuple la nourriture qu’il lui était difficile de trouver ; ceux qui avaient peu de nourriture rétablirent l’accord en échangeant avec les autres les objets qu’ils avaient

  1. Mencius (trad. Legge [§7], p. 127; [trad. Couvreur]) dit : « Yu resta hors de chez lui huit années ; il passa trois fois devant sa porte et n’y entra pas.
  2. Ce sont là les « quatre modes de locomotion » auxquels il est fait allusion dans le Chou king, au chap. I et Tsi (trad. Legge, p. 77 ; [trad. Couvreur]). § Pour aller sur la boue, on se servait d’un objet qui, d’après les commentateurs, devait ressembler à une sorte de van en osier ; on appuyait une jambe dessus et on glissait ainsi sur la boue sans y enfoncer. § Pour gravir les montagnes, on se servait de crampons. Les noms de ces deux objets, le van et le crampon, sont orthographiés des manières les plus diverses dans les nombreux textes qui reproduisent ce passage (cf. le commentaire au IIe chapitre du livre de Che tse, p. 10 v°. — Che tse était originaire du pays de Tsin  ; son nom personnel était Kiao ; il fut l’hôte du conseiller de Ts’in, Wei Yang, dans la seconde moitié du IVe siècle avant notre ère
  3. A gauche et à droite, c’est-à-dire en toute occasion, toujours.