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Alors Yu, avec I[1] et le prince Tsi[2], s’acquitta du mandat de l’empereur ; il donna des ordres aux seigneurs et aux cent familles ; il mit sur pied des multitudes d’hommes à qui [il confia[3] les terres ; il parcourut les montagnes et fit des marques sur les arbres[4]. Il détermina les hautes montagnes et les grands fleuves.]

Yu était affligé de ce que, avant lui, son père Koen, pour n’avoir pas réussi dans sa tâche, avait reçu la mort. Il accabla donc de fatigues son corps ; sa pensée fut dévorée par les soucis. Il resta hors de chez lui treize

  1. Cf. note 01.299.
  2. Cf. note 01.296.
  3. La leçon de Se-ma Ts’ien est fou qui signifie « donner, confier » ; c’est aussi la leçon des Rites de Tai l’aîné. Yu remet les terres à ses subordonnés pour qu’ils les divisent par catégories. La leçon du Chou king est « diviser » ; c’est alors Yu lui-même qui divise les terres.
  4. (114. ) La leçon des Mémoires historiques est une glose de celle du Chou king, ts’ién mŏu; en effet, le caractère mŏu ne doit pas être pris dans son sens vulgaire de « couper » ; il n’est ici que le substitut d’un vieux caractère, aujourd’hui perdu ; ce dernier caractère est expliqué comme signifiant « indications entaillées ». Il s’agit donc bien de marques faites sur les arbres comme le dit Se-ma Ts’ien (H. T. K. K., chap. CCCXCII, p. 12 r°). Ces marques étaient destinées à indiquer le chemin. — Assurément le sens que donne M. Legge [css : édition/rechercher : ‘cut down’] à cette phrase en traduisant « abattre les arbres » (Chinese Classics, t. III, p. 77) est beaucoup plus clair et plus satisfaisant pour un lecteur européen ; mais il nous semble qu’on n’a pas le droit de faire si bon marché des remarquables travaux de la critique chinoise moderne ; cette critique a démontré que les textes anciens étaient obscurs, et que la simplicité de l’explication traditionnelle était un leurre ; nous sommes obligés d’accepter ses conclusions, quelques embarras qu’elles puissent nous créer pour l’interprétation de ces vieux écrits.