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Le fils de Choen, Chang-kiun, lui aussi[1], était indigne ; c’est pourquoi (Choen) présenta d’avance Yu au Ciel[2] ; dix-sept ans après, il mourut. Quand le deuil de trois ans fut terminé, Yu, lui aussi, se retira devant le fils de Choen, comme Choen s’était retiré devant le fils de Yao ; les seigneurs se réunirent autour de lui et c’est après cela que Yu prit la dignité impériale. Le fils de Yao, Tan-tchou, et le fils de Choen, Chang-kiun, eurent tous deux un domaine déterminé pour y accomplir les sacrifices à leurs ancêtres[3] ; ils portaient leurs vêtements ; leurs rites et leur musique étaient conservés dans leur intégrité ; lorsqu’ils rendaient visite au Fils du ciel, c’était en qualité d’hôtes[4] ; le Fils du ciel ne les traitait pas en

  1. C’est-à-dire de même que Tan-tchou, fils de Yao.
  2. Il le proposa au Ciel pour être empereur après lui.
  3. Nous voyons apparaître ici pour la première fois une idée fondamentale de la religion chinoise : pour que des fils de personnes souveraines puissent faire les sacrifices rituels à leurs ancêtres, il est nécessaire qu’ils aient un domaine, quelque restreint qu’il soit, où ils soient maîtres absolus. Le sacrifice est étroitement rattaché au sol.
  4. Cette situation privilégiée accordée à un descendant d’une dynastie éteinte, chargé de représenter ses ancêtres auprès du souverain régnant, est mentionnée dans plusieurs autres textes. Dans le Chou king, le chapitre Wei tse tche ming nous montre le duc de Tcheou nommant le vicomte de Wei représentant de la dynastie Chang et lui annonçant qu’il serait traité comme un hôte dans la maison du roi. Voyez encore dans le Chou king, chap. I et Tsi (trad. Legge, p. 87), Tan-tchou appelé l’hôte de Choen ; et encore Tso-tchoan, 24e année du duc Hi, trad. Legge, p. 193, 1e col. ; — Che king, décade de Tch’en-kong, ode 3, trad. Legge, p. 585 ; [trad. Couvreur] ; — Li ki, chap. Kiao t’o cheng, trad. Legge, Sacred Books of the East, vol. XXVII, p. 422-428.