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Choen dit :

— Les cent familles ne sont pas en bonne harmonie ; les cinq ordres[1] (de devoirs) ne sont pas observés. Soyez directeur des multitudes[2] et répandez les cinq enseignements. Ayez soin d’agir avec douceur.

Choen dit :

Kao-yao, les (barbares) Man et I troublent notre beau pays[3]. Ce sont des voleurs, des assassins, des ennemis et des rebelles[4]. Soyez chef (de la justice). Pour les cinq châtiments, il y a ceux qui les subissent et pour les subir, il y a trois lieux déterminés[5] ; pour les
  1. Les cinq ordres sont les cinq sortes de devoirs que les cinq enseignements inculquent aux pères, aux mères, aux frères aînés, aux frères cadets, aux fils. — On a vu plus haut (p.╓ 77 ) que Choen confia aux huit Excellents, descendants de Kao-sin, le soin de répandre les cinq enseignements ; on en conclut que Sié était l’un des huit Excellents.
  2. Le titre de se-t’ou paraît appartenir, comme celui de se-k’ong, à l’organisation administrative de l’époque des Tcheou.
  3. Nous avons suivi la glose de Tcheng Hiuen qui dit que Hia signifie « illustre et grand ». — On pourrait se demander cependant si le mot Hia ne désigne pas la Chine, parce que la dynastie Hia avait donné son nom au pays sur lequel elle régna ; le mot Hia, dans ce texte, serait alors un anachronisme et en dénoncerait la composition tardive. Il va sans dire qu’aucun commentateur chinois n’est assez audacieux pour soutenir une pareille hypothèse.
  4. Le sens de ces deux derniers mots est nettement indiqué par un passage du Tso tchoan (16e année du duc Tch’eng) où il est dit que ceux qui font des troubles au dehors sont appelés [], que ceux qui font des troubles au dedans sont appelés []. On cite parfois ce passage en intervertissant le sens de ces deux mots, mais c’est une erreur.
  5. Les commentateurs ont donné les explications les plus diverses de cette phrase, parce qu’ils ont cherché à concilier deux renseignements entièrement indépendants l’un de l’autre, à savoir, d’une part la liste des cinq châtiments qui a été indiquée plus haut (cf. note 245), d’autre part un texte du Kouo yu qui énumère les trois places où s’infligeaient les châtiments. Kiang Cheng (H. T. K. K., ch. CCCXC, p. 47 v°) a fort bien montré que les châtiments dont parle le Kouo yu ne sont pas ceux de la liste précitée et que, d’autre part, le texte du Kouo yu est bien celui qui peut jeter quelque lumière sur ce texte puisque dans le Kouo yu, comme ici, les criminels ne sont pas seulement ceux qui enfreignent les lois civiles, mais aussi les barbares, les ennemis de l’État. Voici l’explication qu’on peut tirer du Kouo yu (Lou yu, p. 6) : 1. les armes offensives et défensives (c’est-à-dire les armées) punissent les plus grands criminels (c’est-à-dire les ennemis) ; 2. les deux sortes de haches d’armes punissent les crimes moins graves du même genre (on décapite ceux qui violent les commandements militaires). Ces deux châtiments sont infligés en rase campagne ; 3. le couteau et la scie punissent les crimes moyens (c’est-à-dire les criminels qu’on décapite, qu’on coupe en morceaux ou à qui on enlève le nez) ; 4. le foret et l’instrument à marquer punissent les crimes moins graves du même genre (c’est-à-dire les criminels à qui on enlève les rotules ou qu’on marque au visage). Ces deux sortes de châtiments sont infligés en présence du souverain, à la cour ; 5. le fouet et les verges punissent les crimes peu importants. Ce châtiment est infligé sur la place publique. Ainsi la rase campagne, la cour et la place publique sont les trois lieux où l’on subit les cinq châtiments.