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terres[1]. Ne songez qu’à faire tous vos efforts !

Yu salua et se prosterna et voulut céder la place à Tsi[2], à Sié et à Kao-yao. Choen dit :

— C’est bien. Allez.

Choen dit :

K’i[3], lorsque au commencement[4] le peuple aux cheveux noirs était affamé, vous, prince Millet, vous avez semé et transplanté[5] les cent céréales.
  1. D’après l’explication traditionnelle, les travaux de Yu sont rapportés à l’époque du règne de Yao : la phrase serait donc au passé. La gloire que Yu s’est acquise précédemment par ses travaux le fait élever par Choen à la première dignité de l’empire, celle de conseiller chargé d’aider l’empereur dans toutes les affaires. — Mais Se-ma Ts’ien considère ce passage comme exprimant la nomination de Yu aux fonctions de régulateur des eaux et des terres ; comme on le verra plus loin, c’est à la suite de cette nomination que Yu exécute ces travaux.
  2. Tsi n’est autre que Heou tsi (cf. note 296).
  3. K’i est le nom propre du personnage qui avait mérité d’être appelé Heou-tsi, c’est-à-dire le prince Millet, à cause des services qu’il avait rendus à l’agriculture.
  4. Au commencement, c’est-à-dire autrefois, au moment où les eaux étaient débordées. Le mot employé par Se-ma Ts’ien est l’équivalent du caractère, qui était, d’après Siu Koang, la leçon du texte moderne du Chou king. Le pseudo-texte antique, qui nous est donné par le Chou king traditionnel, présente la leçon qui signifie « obstacle, détresse ». — En suivant le texte du Chou king, M. Legge a traduit : « Ki, le peuple aux cheveux noirs souffre (encore) la détresse de la famine ; il vous appartient, ô prince, ministre de l’Agriculture, de planter (pour lui) les diverses sortes de grains. Le texte de Se-ma Ts’ien nous oblige à mettre la phrase au passé et à sous-entendre que Choen confirme K’i dans les fonctions qu’il a exercées avec tant de succès.
  5. La phrase chinoise est ainsi conçue […]. Se-ma Tcheng dit qu’elle signifie : en vous conformant aux quatre saisons, vous avez planté les cent céréales, Mais Kiang Cheng (H. T. K. K., ch. CCCXC, p. 46 r°) remarque que la position du mot che après le mot pouo rend ce sens inadmissible ; il faut donc considérer comme équivalent de transplanter.