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portes, exila les quatre familles criminelles et les bannit aux quatre frontières, afin de soumettre à la règle les démons[1].] Alors les quatre portes furent ouvertes et on annonça qu’il n’y avait plus de criminels.

Choen[2] entra dans une grande forêt sur la montagne ; il y eut un vent violent, du tonnerre, et de la pluie ; il n’en fut pas troublé. Yao reconnut alors que Choen était digne qu’il lui donnât l’empire. Yao étant vieux chargea Choen d’exercer à sa place le gouvernement qui appartient au Fils du ciel et de parcourir les fiefs. Vingt ans après que Choen eut été mis en charge et eut administré les affaires, Yao le chargea de gouverner à sa place. Il gouverna à sa place pendant huit ans et c’est alors que Yao mourut. Lorsque le deuil de trois ans fut terminé, il céda le pouvoir à Tan-tchou. Le monde se réfugia auprès de Choen. ► Or Yu[3], Kao-yao[4], Sié[5], Heou-tsi[6],

  1. Les démons ne sont autres que les barbares ; on a vu, plus haut (cf. note 124), qu’au temps de la dynastie Yn, le pays des Hiong-nou était appelé Koei-fang, c’est-à-dire région des démons.
  2. Tout ce paragraphe est une répétition de ce qui a été dit plus haut.
  3. Yu était le fils de ce Koen qui fut banni comme l’un des quatre grands criminels ; il fut le fondateur de la dynastie des Hia (cf. Mém. hist., chap. II) ; avant d’être empereur il était comte du fief de Hia et c’est pourquoi on l’appelle quelques lignes plus bas le comte Yu. D’après Kong Yng-ta (Chou king ; ch. II p. 26 v°), Yu aurait été comte du fief de Tch’ong aujourd’hui sous-préfecture de Hou, préfecture de Si-ngan, province de Chàn-si.
  4. Kao-yao (le second caractère doit se prononcer ici yao et non t’ao) est identifié avec l’un des huit fils capables de Tchoan-hiu (cf. p.╓ 77 ). On verra plus loin que Yu voulait lui léguer l’empire, comme il l’avait lui-même reçu de Choen, mais que la mort prématurée de Kao-yao mit à néant ce projet.
  5. Sié est l’ancêtre de la dynastie Chang ou Yn (Mém. hist., chap. III).
  6. Heou-tsi, c’est-à-dire le prince Millet, est le titre donné dans le Choen tien à K’i, ancêtre de la dynastie Tcheou, et ne semble se rapporter qu’à la charge de ministre de l’Agriculture qui lui fut confiée par Choen. — Dans d’autres textes, Heou-tsi nous apparaît comme une divinité étroitement associée à celle de Heou-t’ou, le prince Terre ; le dieu des moissons et celui de la terre sont au nombre des divinités les plus anciennes de la Chine ; elles n’étaient que des hommes divinisés ; au temps des Hia le dieu de la terre était Keou-long, fils de Kong-kong, et le dieu des moissons était Tchou) (cf. note 00.154), fils de Tchoan-hiu ; lorsque T’ang le Victorieux substitua sa dynastie à celle des Hia il voulut remplacer ces anciens dieux ; il ne put changer le dieu de la terre dont le culte était sans doute trop invétéré ; mais il mit K’i (qui devait être l’ancêtre des Tcheou), à la place de Tchou (Ts’ien Han chou, chap. Kiao se tche, p. 2 r°). — Le fait que, dans le texte du Choen tien reproduit par Se-ma Ts’ien, le titre de Heou-tsi est donné à K’i prouve que ce texte est postérieur à l’époque où K’i fut substitué à Tchou ; nous avons eu déjà l’occasion de signaler d’autres faits qui tous concourent à prouver que la composition du Yao tien et du Choen tien ne peut remonter plus haut que la dynastie Tcheou (cf. n. 233).