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la bonne foi et haïssait la sincérité ; il appréciait les discours artificieux et méchants ; le monde l’appelait Vaurien-trompeur[1]. Tchoan-hiu eut un fils incapable ; il ne pouvait rien apprendre et ne comprenait pas ce qu’on lui disait ; le monde l’appelait Soliveau[2]. De génération en génération on souffrait de ces trois familles ; lorsque arriva le temps de Yao, Yao ne put encore s’en débarrasser. Tsin-yun[3] eut un fils incapable ; il avait la passion de la boisson et de la bonne chère ; il était avide de richesse ; le monde l’appelait Glouton ; le monde l’avait en horreur et le mettait sur le même pied que les trois criminels[4]. ► Choen, allant recevoir les hôtes aux quatre

  1. Chao-hao est l’empereur que la chronologie du T’ong kien kang mou place avant Tchoan-hiu et après Hoang-ti. Il ne trouve pas place dans la liste des cinq empereurs telle que la donnent les Mémoires historiques. Chao hao est considéré comme présidant à l’ouest (cf. ma première trad. du Traité sur les sacrifices fong et chan, p. 9), et comme le métal correspond à l’ouest dans la théorie des cinq éléments, on appelle souvent Chao-hao « le ciel-métal »
  2. Les deux caractères t’ao ou désignent, l’un une souche d’arbre, l’autre un arbre sans branches. Nous les traduisons par « soliveau », ce mot ayant acquis, grâce à La Fontaine, le sens d’une épithète assez désobligeante. — Il est assez curieux que ces deux mêmes mots t’ao ou aient servi à désigner les Annales du pays de Tch’ou ; on ne sait pas quelle en est la raison ; quoi qu’il en soit, voici le passage de Mencius (trad. Legge, p. 203) qui nous donne ce renseignement : « Le Cheng (proprement : Chariot) de Tsin, le T’ao ou de Tch’ou et le Tch’oen ts’ieou de Lou sont des ouvrages identiques.
  3. D’après Kia K’oei, Tsin-yun était un descendant de Chen-nong.
  4. Quoiqu’il ne fût pas fils d’un empereur, on le mettait sur le même pied que les trois criminels fils d’empereurs.