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hommes jouirent de leurs bienfaits et les appelèrent les huit Satisfaisants. Kao-sin[1] eut huit fils capables : les hommes les appelèrent les huit Excellents. Ces seize familles de génération en génération perfectionnèrent leurs qualités et ne laissèrent pas tomber leur réputation. Lorsque arriva le temps de Yao, Yao ne put point encore les mettre en charge. Choen mit en charge les huit Satisfaisants et les fit présider à la terre souveraine[2], afin de déterminer les cent occupations ; il n’y eut rien qui n’eût son temps et son rang. Il mit en charge les huit Excellents et leur fit répandre les cinq enseignements[3] dans les quatre directions : les pères furent justes ; les mères furent aimantes ; les frères aînés furent bienveillants ; les frères cadets furent respectueux ; les fils furent pieux ; à l’intérieur, ce fut le calme ; à l’extérieur, la perfection.

Autrefois l’empereur Hong[4] eut un fils incapable ; il faisait disparaître la justice ; il était dissimulé et scélérat ; il se plaisait à se livrer aux pires vices ; le monde l’appelait Chaos[5]. Chao-hao eut un fils incapable ; il détruisait

  1. Kao-sin est identifié par Se-ma Ts’ien avec l’empereur Kou (cf. p.╓ 39 ).
  2. Le Tcheng i du Tch’oen ts’ieou dit : Le ciel est appelé le ciel impérial  ; la terre est appelée la terre souveraine.
  3. Les cinq enseignements sont, comme la phrase suivante l’indique clairement, ceux qui concernent les devoirs des pères, des mères, des frères aînés, des frères cadets et des enfants.
  4. L’empereur Hong « est identifié par les commentateurs avec Hoang-ti (cf. note 102).
  5. Les quatre scélérats dont il va être question sont identifiés par les commentateurs avec les quatre criminels dont il a été parlé plus haut (cf. n. 248). Hoen-toen, c’est-à-dire Chaos, ne serait autre que Hoan-teou ; K’iong-k’i, c’est-à-dire le Vaurien-trompeur, ne serait autre que Kong-kong ; Tao-ou, c’est-à-dire le Soliveau, ne serait autre que Koen et T’ao-t’ié, c’est-à-dire le Glouton, ne serait autre que San-miao. Quoique ces rapprochements n’aient pas grande valeur en eux-mêmes, il est évident que nous avons affaire à deux formes différentes d’une seule et même légende.