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Yao était au pouvoir depuis soixante-dix ans quand il trouva Choen ; au bout de vingt ans ; étant vieux, il ordonna à Choen d’exercer à sa place le gouvernement du Fils du ciel ; il le présenta au Ciel. [Yao mourut vingthuit ans en tout[1] après avoir renoncé au pouvoir. Les cent familles s’affligèrent comme si elles avaient été en deuil d’un père ou d’une mère ; pendant trois ans on ne fit aucune musique en aucun lieu,] car on pensait à Yao. Yao savait que son fils Tan-tchou[2] était dégénéré et n’était pas digne qu’on lui remît l’empire ; c’est pourquoi donc, tenant compte des circonstances[3], il le donna à Choen. En le donnant à Choen, l’empire y trouvait son avantage et c’était un mal pour Tan-tchou ; en le donnant à Tan-tchou c’était un mal pour l’empire et Tan-tchou y trouvait son avantage ; Yao dit :

— Je ne me déciderai pas à favoriser un seul homme au détriment de tout l’empire.

Ainsi en définitive il donna l’empire à Choen.

[Après la mort de Yao, quand le deuil de trois ans fut

  1. D’après ce texte et un autre que nous trouverons plus loin, il est clair que Se-ma Ts’ien compte quatre-vingt-dix-huit années (70 + 28) depuis le moment où Yao prit le pouvoir jusqu’à sa mort. Si l’on s’en rapporte cependant au texte seul du Chou king, il faudra dire avec Ts’ai Tch’en (Chou king, ch. II, p. 23 v°), que Yao régna d’abord soixante-dix-sept ans, qu’il mit ensuite Choen à l’essai pendant trois ans, enfin qu’il lui délégua son pouvoir pendant vingt-huit ans ; Yao aurait donc régné cent un ans.
  2. D’après Hoang-fou Mi, la mère de Tan-tchou était une fille de la tribu San-i, qui s’appelait Niu-hoang.
  3. Se-ma Tcheng dit : Lorsque le fils succède au père, c’est la méthode ordinaire ; lorsqu’on cherche un sage pour lui céder le pouvoir, c’est la méthode qui tient compte des circonstances.