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l’Empereur d’en haut[1], le sacrifice in aux six

  1. Les commentateurs expliquent généralement le nom du sacrifice lei de la manière suivante : le sacrifice régulier fait à époque fixe en l’honneur de l’Empereur d’en haut. c’est-à-dire du ciel, était le sacrifice kiao ; mais, lorsqu’on avait quelque déclaration spéciale à adresser au ciel, comme ici, par exemple, l’annonce d’un changement de souverain, on accomplissait un sacrifice spécial qui était du même genre que le sacrifice kiao et c’est ce qui exprime le mot lei qui signifie genre, espèce. Le roi Ou, fondateur de la dynastie Tcheou, fit la même cérémonie quand il eut vaincu le dernier souverain de la dynastie Yn (cf. Chou king, chap. T’ai che, trad. Legge, Chinese Classics, III, p. 287). Dans le Tcheou li (au chap. XXV,.trad. Biot, t, I, p. 92), il est dit que le grand prieur fait le sacrifice lei à l’Empereur d’en haut. D’après ces textes, il semblerait donc que le sacrifice lei s’adressât au ciel. — Mais d’autres textes viennent ébranler cette opinion : § dans le Che king (décade du roi Wen, ode 7 ; trad. Legge, Chinese Classics, IV, p. 455), le roi Wen nous est représenté comme faisant le sacrifice lei alors qu’il n’est qu’un seigneur et que, n’ayant pas le titre de Fils du ciel, il n’est pas autorisé à sacrifier au ciel. § Dans le Tcheou li (au chap. XIX, trad. Biot, t. I, p. 441) il est parlé des quatre sacrifices lei (Biot traduit assez inexactement : les quatre spécialités) et plus loin il est dit (trad. Biot, t. I, p. 453) que toutes les fois qu’il y a une grande calamité dans le ciel ou sur la terre, l’officier appelé siao tsong po offre le sacrifice lei aux dieux de la terre et des moissons et au temple ancestral. Du rapprochement de ces passages il résulte que les sacrifices appelés lei ne s’adressaient pas uniquement au ciel, mais qu’on appelait de ce nom tout sacrifice extraordinaire du même genre qu’un sacrifice prescrit par les rites (cf. Siu hoang Ts’ing king kié, chap. VIII, p. 15 r°16 v°). — Nous rencontrons dans ce texte pour la première fois la fameuse expression Chang li qui a donné lieu à tant de controverses. Nous ne pouvons pas entamer à ce sujet une longue discussion dans une note : § nous nous bornerons à faire remarquer que, la théorie des cinq Chang li étant intimement liée à celle des cinq éléments qui ne prit corps que vers le IVe siècle avant notre ère, il est très vraisemblable que, dans les plus anciens textes, le terme Chang li désigna une divinité unique. § En second lieu, cette divinité est identifiée par la plupart des commentateurs avec l’étoile polaire ; nous ne voyons aucune raison (je parle des raisons scientifiques) de regarder cette identification comme une perversion tardive d’un monothéisme primitif, et par conséquent nous l’adoptons comme l’expression de l’ancienne croyance religieuse des Chinois. § Enfin nous croyons que les mots « Empereur d’en haut » sont ceux qui rendent le mieux le sens du terme Chang li, parce que c’est à leur image que les hommes conçoivent leurs dieux et que par conséquent le plus élevé en dignité parmi les êtres célestes doit être appelé l’Empereur d’en haut, tout comme ici-bas on appelle empereur celui à qui tous obéissent.