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humbles ces deux femmes[1], en sorte qu’elles observèrent les rites des épouses[2].]

Yao trouva cela fort bien ; il chargea donc ensuite

  1. Le sens que nous donnons à cette phrase ne s’accorde pas avec le texte du Chou king, mais on verra quelques pages plus loin que Se-ma Ts’ien l’entendait bien ainsi.
  2. Ici se termine, à quelques variantes près, la Règle de Yao, le premier chapitre du Chou king ; on peut y distinguer trois sections : dans la première, on traite du bon gouvernement de Yao ; dans la seconde, on montre comment il sut établir le calendrier et connaître les saisons ; dans la troisième enfin, on met en lumière les principes au moyen desquels il choisissait les hommes à qui il voulait confier le gouvernement. Le texte de Se-ma Ts’ien ne distingue pas le Choen tien du Yao tien ; c’est artificiellement que le Chou king traditionnel a divisé ces deux chapitres (cf. mon Introduction, IIIe partie). En effet, tous les auteurs antérieurs au IIIe siècle de notre ère, lorsqu’ils citent des passages de ce qui est aujourd’hui appelé le Choen tien, les rapportent au Yao tien ; les exemples qu’on en peut donner sont très nombreux ; le plus célèbre se trouve dans Mencius (trad. de Legge, Chinese Classics, t. II, p. 229). Wang Sou (vers 256 ap. J.-C.) est le premier commentateur où l’on voie ces deux chapitres distingués ; plus tard, pour donner plus d’unité au pseudo Choen tien, on y ajouta un début de vingt-huit caractères qui ne se trouve naturellement pas dans Se-ma Ts’ien ; on attribue cette interpolation à un certain Lieou Hiuen qui vivait sous la dynastie des Soei (581-618 ap. J.-C.) (cf. Ting Yen-kien, dans le Siu hoang Tsing king kié, chap. DCCCXLIV, p. 23 r°). Ce que nous lisons dans Se-ma Ts’ien est donc le Yao tien en texte moderne, sans interpolation ni division artificielle ; aussi les critiques modernes qui ont tenté de reconstituer le Chou king ont-ils tous suivi le grand historien et écrivent-ils le pseudo Choen tien à la suite du Yao tien dont il n’est en réalité qu’une partie. (cf. Wang Ming-cheng, dans le Hoang Ts’ing king kié, chap. CCCCIV, p. 29 r° et Kiang Cheng, dans le même recueil, chap. CCCXC, p. 26 r°). M. Legge est d’avis que le Choen tien, tel que nous l’avons aujourd’hui, se compose de deux parties, l’une qui faisait partie du Yao tien, l’autre qui est un fragment du véritable Choen tien et il dit : « On ne peut trouver aucune citation où un paragraphe de cette seconde partie soit rapportée au Yao tien. » Cette affirmation est contredite par les faits : le Luen heng de Wang Tch’ong (Ier siècle ap. J.-C.) cite la dernière phrase du pseudo Choen tien comme appartenant au Yao tien ; on trouvera d’autres citations analogues dans le DCCCXLIVe chapitre du Siu hoang Ts’ing king kié, p. 22 v°. C’est donc le pseudo Choen tien tout entier, et non pas seulement une partie de ce chapitre, qui faisait corps primitivement avec le Yao tien.