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Yao dit :

— C’est bien ! j’ai entendu parler de lui. Quelle sorte d’homme est-il ?

Les (chefs des quatre) montagnes dirent :

— C’est le fils d’un aveugle[1]. Son père était pervers ; sa mère était trompeuse ; son frère cadet était insolent. Il a su les faire rentrer dans l’ordre par sa piété filiale ; il les a graduellement amenés à bien agir et à ne pas se porter vers les choses mauvaises.

Yao dit :

— Je le mettrai à l’essai.

Alors Yao lui donna en mariage ses deux filles[2], pour observer quelle était sa vertu dans la manière dont il se comporterait envers ses deux filles. Choen, dans les lieux qu’arrosent les rivières Koei et Joei[3], dirigea et rendit

  1. On verra plus loin que le père de Choen s’appelait Kou-seou. les deux caractères qui entrent dans la composition de ce nom signifient tous deux « aveugle ». K’ong Ngan-kouo explique qu’il ne s’agit que d’un aveuglement moral ; mais rien dans le texte ne justifie cette interprétation.
  2. Comm. Tcheng-i : Les deux filles de Yao s’appelaient, l’une Ngo-hoang et l’autre Niu-yng ; la première n’eut pas de fils ; la seconde enfanta Chang-kiun.
  3. Le Koei est une petite rivière du Chān-si qui traverse la localité appelée aujourd’hui encore le village de Yu (Choen), Yu-hiang, préfecture de P’ou-tcheou, et va se jeter dans le Hoang-ho. D’après K’ong Ngan-kouo, le mot Joei signifierait une petite crique et il faudrait traduire que Choen demeurait auprès d’une crique de la rivière Koei. D’autres commentateurs disent que ce mot désigne le confluent de deux rivières ou encore la rive nord d’une rivière. Selon d’autres auteurs enfin, Joei serait le nom d’un petit cours d’eau. affluent de la rivière Koei ; cette dernière interprétation est celle du T’ong hien tsi lan (ch. I, p. 15 r°).