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L’année a trois cent soixante-six jours ; par le moyen du mois intercalaire[1] on détermine[2] les quatre saisons. En conformité avec cela on ordonne les cent fonctions et tous les travaux sont florissants[3].

Yao dit :

— Qui est capable de continuer ces choses ?

Fang-ts’i dit :

— Votre fils, qui doit vous succéder, Tan-tchou, est fort intelligent.

Yao dit :

— Hélas, il est méchant et querelleur ; on ne peut se servir de lui.

Yao dit encore :

— Qui en est capable ?

Hoan-teou dit :

Kong-kong[4] a multiplié et répandu
  1. Les commentateurs ont accumulé autour de ce passage toute leur science astronomique. Il nous suffit de n’y voir que ce qui s’y trouve exprimé, à savoir que, dès l’époque très reculée à laquelle remonte ce texte, les Chinois avaient évalué la durée de l’année avec une assez grande approximation, puisqu’ils l’estimaient à 366 jours, en second lieu qu’ils avaient recours à l’artifice des mois intercalaires pour rétablir l’accord entre l’année solaire et le calendrier lunaire. — Le Chou king met ce paragraphe dans la bouche de Yao s’adressant à Hi et à Ho ; il nous semble que c’est une modification relativement récente et que Se-ma Ts’ien nous présente le texte dans son intégrité en le laissant sous sa forme abrupte. Il n’est pas difficile en effet de reconnaître dans tout ce qui précède un vieux calendrier analogue au Hia siao tcheng qui se trouve dans les Rites de Tai l’aîné ou au Yue ling du Li ki ou au Che hiun kié du Tcheou chou ; ce vieux débris de l’antiquité a été incorporé dans la légende de Yao, mais devait former à l’origine un tout indépendant.
  2. Le caractère [] employé par Se-ma Ts’ien est, d’après Kiang Cheng (H. T. K. K., chap. CCCXC, p. 18 v°), la bonne leçon ; le caractère [] qui se trouve dans le Chou king n’y aurait été introduit que par l’édition de la période k’ai yuen (713-741).
  3. Le texte de Se-ma Ts’ien est ici une traduction en caractères faciles d’une phrase en termes obscurs du Chou king. Il en sera souvent de même dans ce qui suit.
  4. L’opinion générale des commentateurs est que Kong-kong est le nom d’une fonction qui était celle d’intendant des travaux publics ou de surveillant des eaux. Mais Kiang Cheng (H. T. K. K. chap. CCCXC, p. 21 r°) est d’avis que le personnage ici désigné ne remplissait pas cette charge, puisque précisément Yao refuse de la lui confier : on voit en effet par ce qui suit que l’empereur cherchait quelqu’un qui fût capable de lutter contre l’inondation. Peut-être un des ancêtres de Kong-kong avait-il été intendant des travaux publics et le nom de la fonction était-il devenu celui de la famille (cf. n. 00.103).