Page:Sima qian chavannes memoires historiques v1.djvu/302

Cette page n’a pas encore été corrigée

petit-fils, Kao-yang, qui était le fils de Tch’ang-i, prit le pouvoir. Ce fut l’empereur Tchoan-hiu. L’empereur Tchoan-hiu, qui n’est autre que Kao-yang, [ était petit-fils de Hoang-ti et fils de Tch’ang-i. Il était calme et profond dans ses desseins. Son intelligence était claire et étendue et il comprenait tout. Il cultivait les plantes de la manière qui convient à la terre. Il agissait suivant les saisons pour se conformer au ciel. Il s’appuyait sur les mânes et les dieux pour fixer la justice[1]. Il dirigeait les influences afin d’apprendre aux êtres à se perfectionner. Il accomplissait les sacrifices avec pureté et sincérité.]

[Au nord, il alla jusqu’à Yeou-Ling[2] ; au sud, il alla jusqu’au Kiao-tche[3] ; à l’ouest, il alla jusqu’au

  1. La traduction que nous donnons de cette phrase est conforme au commentaire de Se-ma Tcheng. — D’après Tchang Cheou-kié, l’expression koei chen désignerait, non les âmes des morts, mais les dieux des montagnes et des cours d’eau.
  2. Tchang Cheou-kié : c’est l’arrondissement de Yeou. — L’arrondissement qui portait ce nom à l’époque des T’ang se trouvait au sud-est de Péking.
  3. Le Kiao-tche correspond au Tonkin actuel. — Le nom de Kiao-tche est écrit parfois [] ; avec cette dernière orthographe, il signifie « doigts du pied croisés ». D’après un auteur annamite cité par M. des Michels (Du sens des mots « Giao-chi » dans le Recueil de textes et de trad. pub. par l’École des langues orientales en 1889, p. 293-297), « le gros doigt du pied chez les Giao-chi était largement écarté. Lorsqu’ils se tenaient debout en rapprochant leurs deux pieds l’un contre l’autre, les deux orteils se croisaient. Cette fable est répétée à satiété par les commentateurs chinois. Mais M. des Michels fait remarquer avec raison que les Annamites ne présentent point cette particularité physiologique ; il revient donc à la première orthographe et explique Kiao-tche comme signifiant « le point où les zones frontières des deux pays se joignent ». Cependant on pourra objecter que, si le sens de Kiao-tche est si simple, il est bien surprenant que les Chinois eux-mêmes ne l’aient pas aperçu et qu’ils aient eu recours, pour expliquer cette expression, à la légende des orteils écartés. C’est pourquoi certains auteurs ont pensé que Kiao-tche n’avait aucun sens et n’était qu’une transcription phonétique d’un nom indigène dont on pourrait peut-être retrouver la trace dans la Cattigara de Ptolémée et dans le nom de Kesho qui désignait récemment encore Hanoï (Richthofen, China, t. I, p. 510, n. 2). — Pour ma part, considérant que le Kiao-tche est appelé Nan-kiao = le Kiao du sud, dans le Chou king, je serais disposé à voir dans le mot kiao seul une transcription phonétique et à prendre le mot tche dans son sens ordinaire de « pays au pied d’une montagne » ; ainsi le Tonkin serait appelé soit le Kiao du sud, soit le pays de Kiao qui est au pied des montagnes. — On remarquera que les limites de l’empire de Tchoan-hiu sont portées beaucoup plus au sud que celles de l’empire de Hoang-ti (cf. p. 29 et 30) ; il est évident d’ailleurs que la légende ne repose ici sur aucun fondement réel.