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rompit et les côtés de la terre se brisèrent.] 12-M [Niu-koa fondit alors des pierres de cinq couleurs 12-1 afin de soutenir le ciel ; il coupa les pattes d’une tortue marine afin de supporter les quatre extrémités de la terre.]

Il rassembla de la cendre de roseau pour arrêter les eaux débordées et pour rétablir l’ordre dans la province de Ki 12-2.

Puis, la terre étant calme et le ciel affermi, il ne changea plus l’ancien ordre de choses.

Après la mort de Niu-koa, Chen-nong 12-3 exerça le pouvoir. Yen-ti Chen-nong était du clan Kiang. Sa mère s’appelait Niu-teng 12-4. Il arriva qu’une fille de Koa 12-5, étant devenue concubine de Chao-tien, fut émue


12-M. Lie-tse, chap. T’ang wen.

12-1. D’après le commentateur de Lie-tse, la pierre de cinq couleurs serait un symbole représentant les cinq éléments primordiaux ; c’est par la fusion harmonieuse de ces cinq éléments que Niu-koa rétablit l’ordre. M. Mayers émet l’hypothèse que la pierre de cinq couleurs est le charbon dont Niu-koa aurait été le premier à découvrir les utiles qualités ; mais cette supposition est plus ingénieuse que plausible.

12-2. La province de Ki est une des neuf provinces qu’on voit décrites dans le tribut de Yu ; elle comprenait le Chân-si actuel et une partie du Tche-li.

12-3. Chen-nong signifie « le laboureur divin » ; en effet, comme on le lira plus bas, ce souverain passe pour avoir institué l’agriculture. On l’appelle aussi Yen-ti, « l’empereur-fumée », parce qu’il régnait par la vertu du feu.

12-4. Le T’ong kien kang mou et le T’ong kien tsi lan écrivent Ngan-teng 安簦 .

12-5. Il ressort du contexte que cette fille de la famille Koa 媧 n’est autre que Niu-teng. — Se-ma Tcheng dit qu’il se fonde sur le Kouo yu pour établir que la mère de Yen-ti était une fille de la famille Koa ; mais, si nous nous reportons au Kouo yu (chap. X, p. 10 v° 晉語四 ), nous y lisons ceci : « Autrefois, Chao-tien prit une femme dans la famille Kiao ( 有蟜氏 ) ; cette femme enfanta Hoang-ti et Yen-ti. » Ce texte présente deux différences avec le récit de Se-ma Tcheng : la première porte sur le nom de famille de la femme : elle ne s’explique qu’en admettant que Se-ma Tcheng avait sous les yeux un texte du Kouo yu autre que ceux qui ont cours actuellement ; — la seconde consiste en ceci que le Kouo yu semble faire de Hoang-ti et de Yen-ti deux frères nés d’une même mère,